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M. D’OUTREMORT

Je l’apercevais circulant autour de la rotonde parmi la ténèbre imparfaite, désignant les épitaphes dans l’ordre des décès, prenant les chevaliers, les menins, les connétables, les écuyers et les mestres de camp, les chambellans, les dames d’atour, les maréchaux, l’ambassadeur, la chanoinesse, le louvetier et le comte Cyril à témoin de son infortune, et jurant à leurs mânes qu’il les revancherait, sur son salut éternel.

Moi, ce pendant, je croyais les voir, tous ces trépassés environnants, couchés dans l’armure ou l’uniforme, l’habit de cour ou le manteau du Saint-Esprit. À cette apparition, je sentais un malaise m’envahir, l’humidité me transpercer plus avant et me glacer d’un froid nouveau. Je tâchai de calmer au plus vite l’emportement du marquis… Son exubérance tombée, une stupeur l’accablait. Nous quittâmes enfin la crypte, et le soir même je m’étais esquivé, gardant de M. d’Outremort la plus pénible impression.

L’épisode tombal auquel je venais d’assister se renouvela maintes fois dans la solitude. J’ai su, en effet, que M. d’Outremort parta-