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LA CANTATRICE

alentours — se rua sur la porte de communication, l’entr’ouvrit, et injuria l’auteur du barbotage, dans une langue barbare et singulière. Ce fut terrible de fureur, de véhémence.

On ne lui répondit rien. Mais Mme Borelli continua de prendre son tub en sourdine. (Du moins, je suppose que c’était cela.)

L’autre, apaisé, revint à moi :

— « Je regrette, allez ! je regrette, perbacco ! pour les bénéfices, comme de raison… Et aussi… Vous avez l’air d’un bon vieux… On se serait arrangés… »

Il me toisait avec une bienveillance dédaigneuse.

— « Je suis à votre disposition », repartis-je poliment.

Le maroufle se méprit sur le sens convenu de la formule.

— « Vrai ? » dit-il. « Vrai de vrai ?… » S’étant rapproché, il me dévisageait sans retenue : « Vrai de vrai de vrai ?… »

Le triste sort de la chanteuse m’apitoyait assez pour que je fisse, des yeux et de la tête, un signe d’acquiescement. Sur ce, Borelli me dit à voix basse :