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LA CANTATRICE

Ses yeux vifs pétillaient, braqués sur les miens. Je crus devoir me retirer sans plus discourir, et je pris congé de l’irritable nomade, en le chargeant de transmettre à Mme Borelli l’assurance de ma complète admiration et du chagrin que j’emportais de n’avoir pu lui présenter mes hommages.

— « Elle s’habille », argua Borelli.

Je n’étais pas dehors que la fanfare tonitruait de plus belle.

L’hercule aux joues pygéennes avait refermé sa fenêtre. Mais j’aperçus, à la croisée suivante, le visage désespéré d’une femme qui regardait la mer en pleurant.

Je revis le soir même les époux Borelli, au théâtre et dans les coulisses.

Pour entendre chanter l’oiseau de Siegfried, une véritable multitude encombrait la salle. Notre bande parisienne était restée tout entière à Monte-Carlo, contrairement au dessein que nous avions formé de regagner Paris le lendemain du spectacle. L’auditoire