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LA CANTATRICE

Et le cor se remit à sonner, non plus le leitmotiv de Siegfried, mais de longs hurlements qui tenaient de ce qu’on nomme en vénerie appels forcés. Et puis encore un âpre discours braillé dans la solitude, vers l’obscurité méditerranéenne, le désert liquide où seul un dauphin folâtrait. Et puis encore la trompe tapageuse, impérative, mugissante…

Plus rien.

La lune, voilée de nues.

Borelli tirant sur quelque chose au bord de la mer. Quelque chose qui résistait. Tel qu’un pêcheur halant son filet, — faisant le simulacre de haler son filet : on ne discernait absolument rien… Ah ! cette chose avait cédé, s’était rompue ; tombé en arrière, il blasphéma. Je saisis des mots étrangers, des imprécations…

Il se démenait sur place. Soudainement je vis qu’il était nu. Dans la même seconde, il s’ébrouait en pleine eau, nageant avec la rapidité d’un phoque, à grands coups d’encolure et de reins, de même qu’il avait couru au milieu de la foule…

L’intérêt me faisait trembler, à l’égal d’une