Page:Retif de La Bretonne - L’Anti-Justine, 1798.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dans mon lit encore évanoui… Ainsi donc, c’est dans le con maternel que je venais d’émettre ma première semence !… Ma mère, entièrement éveillée, dit à Madeleine : « Mais que faites-vous donc, ma fille ? » J’étais revenu à moi. Ma sœur retourna au lit de ma mère, qui lui dit tout bas : « Ma bru, vous avez de drôles de façons !… — Mon mari, répondit Mme Bourgelat, me fait souvent mettre dessus ; je rêvais, et je l’ai fait. E´veillée, je suis sautée du lit. » Ma mère crut cela.

Cependant le coup porta. Mme Linguet devint grosse, et accoucha secrètement d’un fils, beau comme Adonis, et elle eut l’adresse de le substituer à un garçon de son fils, cet enfant étant mort en naissant. C’est de lui dont il sera un jour question, sous le surnom de Cupidonnet, dit Petitcoq, mon neveu.

Huit jours s’écoulèrent. Après quoi, bien remis de mon évanouissement, j’eus un autre rendez-vous. Mais admirez mon malheur ! Nous avions été entendus d’une grosse tétonnière, notre moissonneuse, qui dormait dans la grange. Comme Mme Bourgelat devait venir dans mon lit, Mammellasse, qui m’aimait, car elle se branlait souvent à mon intention, et qui d’ailleurs n’était pas méchante, se contenta de dire à mon frère de fermer les nuits