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sidérée comme une activation de tendance, activation non complétée par la collaboration du reste de la personnalité (I, p. 212) ; — une conception générale de la psychologie, que l’auteur a développée dans ses cours de 1913-1914 et de 194-1915 au Collège de France, et selon laquelle le psychologue n’a plus à étudier que des tendances et des comportements, en se préoccupant fort peu de la conscience et de la pensée, simples diminutions des réactions du langage (I, p. 219-220) ; — la théorie de l’attention, considérée comme l’arrêt d’une tendance déjà éveillée et prête à se déployer par l’activation d’une autre tendance qui contrôle la première (I, p. 242) ; — la théorie de l’hypnotisme, séparée de la suggestion, caractérisée par la production de dissociations dans la mémoire personnelle (I, p. 232-271) ; — l’explication des dysharmonies dans la conduite des névropathes par l’inégalité de complication des actions humaines, inégalité le plus souvent insoupçonnée des psychologues (II, p. 18-28) ; — l’étude approfondie de la fatigue que les hommes se causent les uns aux autres ; — l’interprétation du mensonge hystérique et du refoulement, cher à Freud, comme phénomène de moindre effort, comme réaction d’un organisme mental déprimé qui ne peut s’adapter pleinement à certaines circonstances (II, p. 220, 289 et suiv.). Cette énumération suffit à faire entrevoir le profit que les philosophes tireront de ces deux volumes pleins de vues originales et profondes.

Matériaux d’une théorie du prolétariat, par Georges Sorel. 1 vol. in-16, de 413 p., Paris, Rivière, 1919. − M. G. Sorel réunit dans ce volume : 1o son Avenir socialiste des Syndicats, qui est le livre classique du syndicalisme moderne, et qui, publié pour la première fois en 1898, était depuis longtemps introuvable en librairie ; 2o sous le titre Bases de critique sociale, trois études qu’il avait publiées en Italie, entre 1895 et 1910 (préface pour Colajanni, préface pour Gatti, Mes Raisons du Syndicalisme) ; 3o sous le titre Essais Divers, le texte révisé de quatre études, plus courtes que les précédenste, sur l’écrivain Lucien Jean, sur le caractère religieux de la démocratie, sur les grèves et le droit au travail. La pensée de M. G. Sorel a varié au cours des années qui sont couvertes par le présent recueil. D’abord, pendant « les années dreyfusiennes », il croyait à la possibilité du socialisme comme d’un mouvement ouvrier autonome dans une démocratie ; puis, au moment où il écrit les Réflexions sur la Violence, il ne conçoit plus le socialisme que comme une révolte de la morale, ou de la mystique, ouvrière contre les démagogues. L’avant-propos du livre était écrit en juillet 1914 ; le livre n’a été imprimé qu’en 1918 ; et, dans le post-scriptum qui est joint à l’avant-propos, M. G. Sorel adresse un salut à la révolution russe. Il ne semble pas la considérer comme une expérience destinée à réussir. Il prévoit que « l’Entente va achever son œuvre en supprimant les bolcheviks qui lui font peur » : on serait presque tenté de croire qu’il appelle de ses vœux cette répression bourgeoise de l’insurrection bolchevique qui serait conforme à sa philosophie « tragique » de l’histoire. « Est-ce que le sang des martyrs ne serait pas, une fois de plus fécond ? Il ne faut pas oublier que sans les massacres de juin 1848 et de mai 1871, le socialisme aurait eu bien de la peine à faire accepter en France le principe de la lutte de classe. » Quelle déception, pour M. G. Sorel, si tout devait se terminer (l’hypothèse peut tout au moins être envisagée aujourd’hui), dans le marais démocratique, par des tractations à l’anglaise !

De dubio methodico Cartesii, par Lumbreras, O. P. 1 vol. in-12, de XXIII-166 p. Friburgi Helvetiorum, Consociatio S. Pauli, 1919. − Cette dissertation historico-critique expose comment Descartes en est venu à concevoir la nécessité du doute méthodique, quelles en sont les limites et les procédés, les propriétés et les résultats. L’auteur ne prétend pas apporter une interprétation nouvelle du doute cartésien et l’on ne trouvera dans cet ouvrage nulle découverte. Mais on fera bien de l’utiliser comme instrument de travail et, en ce sens, il constitue ce que nous avons de plus complet sur la question. Les textes essentiels sont cités, les interprétations des commentateurs les plus autorisés sont comparées et parfois discutées de façon assez heureuse. On doit signaler aussi l’appel très fréquent fait par l’historien aux textes des cartésiens pour éclaircir les difficultés que présente le texte de Descartes lui-même. Cette méthode, jusqu’ici trop négligée, mérite d’être signalée. Ajoutons que la critique n’intervient jamais dans l’exposé historique. C’est donc là un très recommandable travail de mise au point des connaissances acquises sur la question du doute cartésien.

The Good Man and the Good, an Introduction to Ethics, par Mary Whiton Calkins. 1 vol. petit in-8, de xx-217 p., New-York, Macmillan, 1918. — Le nouveau livre de Miss Whiton Calkins est en somme un « Traité de la Vertu » ; il est