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LE MÉCANISME ET L’EXPÉRIENCE

Tout le monde connaît la conception mécaniste de l’univers qui a séduit tant de bons esprits et les différentes formes qu’elle a revêtues.

Les uns se représentent le monde matériel comme formé d’atomes qui se meuvent en ligne droite en vertu de leur inertie ; la vitesse ou la direction de ce mouvement ne peut changer que lorsque deux atomes se choquent.

Les autres admettent l’action à distance et supposent que les atomes exercent les uns sur les autres une attraction (ou une répulsion) qui dépend de la distance suivant une loi quelconque.

La première manière de voir n’est évidemment qu’un cas particulier de la seconde ; ce que je vais dire sera vrai de l’une et de l’autre. Les conclusions les plus importantes s’appliqueraient d’ailleurs au mécanisme cartésien où l’on suppose la matière continue.

Ce serait peut-être ici le lieu de discuter les difficultés métaphysiques que soulèvent ces conceptions ; mais je n’aurais pas pour cela l’autorité nécessaire. Au lieu d’entretenir les lecteurs de cette revue de ce qu’ils savent mieux que moi, je préfère leur parler de sujets qui leur sont moins familiers mais qui peuvent cependant les intéresser indirectement.

Je vais donc m’occuper des obstacles que les mécanistes ont rencontrés quand ils ont voulu concilier leur système avec les faits expérimentaux et des efforts qu’ils ont faits pour les vaincre ou les tourner.

Dans l’hypothèse du mécanisme, tous les phénomènes doivent être réversibles ; par exemple les astres pourraient parcourir leurs orbites dans le sens rétrograde sans que la loi de Newton fût violée ; il en