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NOTES CRITIQUES




« L’ANNÉE PHILOSOPHIQUE » DE F. PILLON
2e année, 1891 (Paris, Alcan, 1892).




Nous n’avons pas besoin de présenter l’Année philosophique au lecteur. Tous les amis de la philosophie ont regretté la disparition de la Critique philosophique, qui a, pendant près de vingt ans, servi de chaire au néo-criticisme français, et dont la collection restera comme un monument de la puissance et de la fécondité de pensée de ses auteurs ; tous se sont réjouis de voir renaître l’Année philosophique, destinée à soutenir les mêmes doctrines et à continuer le même enseignement. Si la première publication a eu le mérite de fournir à ses lecteurs un aliment intellectuel incessamment renouvelé, la seconde a l’avantage de permettre aux auteurs de développer avec plus d’ampleur les thèses principales de leur système, et d’en faire ressortir la richesse et la continuité. Et s’il n’est que juste de reconnaître que MM. Renouvier et Pillon ont contribué pour une large part à entretenir en France le goût des hautes spéculations métaphysiques et morales, il faut se féliciter que la pensée philosophique ait conservé de tels maîtres, et souhaiter qu’ils continuent longtemps encore à nous faire profiter de leurs savantes méditations.

Le deuxième volume de l’Année philosophique se termine par une Revue bibliographique française due à M. Pillon (p. 253-347). Les analyses, d’une clarté et d’une concision remarquables, sont suivies de brèves critiques qui définissent nettement la position que prend l’auteur en présence des œuvres qu’il apprécie. Rien ne prouve mieux la rigueur et la largeur de la doctrine que les jugements sommaires, mais précis et fortement motivés, qu’elle dicte à l’auteur sur les théories les plus diverses et sur les tendances trop souvent incohérentes de la philosophie contemporaine. C’est vraiment un beau spectacle que celui d’un esprit ferme et droit qui s’affirme dans tous les domaines de la pensée, se prononce sur toutes les questions à l’ordre du jour, et qui, retranché dans son système comme dans une forteresse, fait face à toutes sortes d’adversaires et de tous les côtés à la fois. On retrouve dans cette bibliographie l’universalité qui caractérisait la Cri-