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COMPAGNIE DES INDES.

dont Calcutta, Madras et Bombay sont les capitales. Chaque gouvernement a ses lois particulières, ses établissemens militaires, et la faculté de recueillir et de dépenser son revenu. Il rend compte séparément de son administration à la cour des Directeurs, reçoit ses ordres, et n’est soumis à ceux du gouverneur-général que dans le cas où il s’agit de faire la paix ou la guerre avec les états étrangers. Les lois locales de ces gouvernemens sont toutes soumises à l’approbation des ministres et des Directeurs en Angleterre ; et aucun loi relative à la propriété ou à la personne des sujets anglais ne peut être exécutoire avant qu’elle n’ait été approuvée et enregistrée par le conseil du roi, qui réside dans chacune des capitales. Les fonctions de gouverneur général et de gouverneur particulier sont le plus souvent conférées à des pairs du royaume, que des relations intimes unissent aux ministres du roi ; mais aussitôt qu’un gouverneur est appelé à représenter les intérêts de la compagnie qui le nomme, et lui accorde un traitement, ses actes sont examinés, dans tous leurs détails, par les Directeurs. Jaloux de leur dignité, ils se montrent peu disposés à l’indulgence à son égard, lorsqu’il transgresse leurs ordres. Les gouverneurs demeurent rarement plus de cinq ou six années dans l’Inde, à moins qu’ils ne soient engagés dans une guerre ; et les plus grands services rendus à la compagnie peuvent rarement les soustraire à un examen minutieux de leur conduite, lorsqu’ils sont retournés en Angleterre. Le public anglais exige cet examen, et ni les Directeurs, ni les ministres de la couronne n’ont pu jusqu’à présent résister à sa voix puissante. Comme les ministres ne sont point responsables des actes des gouverneurs, ils n’ont aucun intérêt à les ménager ; il en serait autrement, si ceux-ci étaient nommés par la couronne et recevaient leurs instructions du ministère. Le court espace de temps pendant lequel un gouverneur demeure dans l’Inde, empêche qu’il ne s’établisse des liens personnels entre lui et les autres