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ADMINISTRATION LOCALE.

vous pourriez le croire ; ce sont des propriétaires résidant dans le comté ; jamais un étranger, un intrus, n’a droit de venir prendre part à ce qu’on regarde, en quelque sorte, comme une affaire de famille. L’influence locale détermine presque toujours le choix des magistrats ; cette influence peut être bonne, peut être mauvaise ; et, certes, je ne prétends pas qu’elle soit toujours bonne. Trop souvent une aristocratie de notabilités locales a exploité à son profit les fonctions publiques, et fait sentir aux Anglais que son despotisme peut être plus intolérable encore que celui d’une administration centrale, parce qu’elle est à la fois et moins impartiale et moins responsable. Mais enfin l’accès des localités est fermé à l’influence ministérielle ; c’est tout ce que j’ai besoin de faire observer en ce moment.

Le pouvoir royal n’a pas plus à s’occuper du contrôle et de la surveillance des administrations locales qu’il n’a d’ordres à leur donner. On ne lui a point imposé la tâche de vérifier, dans la capitale, les comptes de tous les sols et deniers dépensés administrativement par tout le royaume. Les vérifications de comptabilité se font en Angleterre, soit par les habitans mêmes, ou un comité qu’ils choisissent, soit par les magistrats du comté ; jamais on ne remonte plus haut. Je sais bien que parfois ces vérifications ne se font pas du tout ; mais l’abus ne prouve rien contre le principe bien entendu ; et d’ailleurs, grâce au progrès de l’esprit de réforme, les désordres, malheureusement trop nombreux, qui existaient dans les administrations locales, vont en diminuant tous les jours.

De même, les fautes et méfaits des fonctionnaires de l’administration locale ne sont de la compétence, ni du secrétaire pour l’intérieur, ni d’aucun autre membre du gouvernement… Une accusation devant le parlement, une action judiciaire devant la cour du banc du roi, sont les voies de redressement ouvertes aux sujets lésés par les actes de ces fonctionnaires.