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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

nues a varié selon les temps et les lieux. Sous Mahomet, les guerriers vivaient principalement du butin qu’ils faisaient sur l’ennemi. Il était rare qu’on leur accordât une gratification particulière ; mais aussi le partage du butin était parfaitement réglé d’avance. Après une victoire ou à la fin d’une campagne, on mettait en commun tout ce qui avait été pris, l’or, l’argent, les bestiaux, les armes, les captifs même. La part du prince prélevée, les guerriers se partageaient tout le reste, et on les laissait libres d’en disposer comme ils voulaient.

Mais sous Mahomet il n’y avait pas encore d’armées permanentes. Lorsque les nomades de l’Arabie se furent rendus maîtres des richesses des contrées voisines, le calife Omar consacra une partie des revenus des pays conquis à la solde des guerriers, et alors il s’établit des troupes réglées. Rien ne fut changé d’ailleurs au partage du butin.

La solde des troupes réglées continua à être payée en argent jusqu’au milieu du xie siècle. À cette époque, les Turcs Seldjoukides s’étant emparés de la Perse et de la Mésopotamie, et ces vastes contrées se trouvant appauvries à la suite des guerres qui les désolaient depuis long-temps, Nizam-Elmulk, visir du sultan Malek-Schah, imagina de consacrer à cet objet les terres qui appartenaient au fisc. Il nomma des personnes pour avoir l’administration de ces biens ; d’un côté, les guerriers eurent leur sort assuré ; de l’autre, les peuples commencèrent à se reposer de leurs souffrances. Ce fut ainsi que naquirent les bénéfices militaires.

Cette institution fut accompagnée de plusieurs autres établissemens du même genre, Malek-Schah, voulant