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SAMBOANGAN.

teint en noir ou en blanc. Ceux de feutre leur sont insupportables. Chaque fois qu’ils sortent, ils ont l’habitude de mettre sur l’épaule gauche un mouchoir blanc ou de couleur artistement plié. En revanche, leur cou n’est point embarrassé dans une cravate.

La mise des femmes est encore plus simple que celle des hommes. Autour de leur ceinture elles attachent une espèce de mouchoir en étoffe de fil d’abaca ou en coton blanc, qui fait le tour du corps, et pend jusque sur les chevilles du pied, comme le camisa des négresses de nos colonies des Antilles. Pour cacher leurs seins, elles ont un corsage de chemise dont les manches sont extrêmement courtes ; le reste de leur personne est entièrement nu. Elles ne portent ni souliers ni chapeaux ; elles ne peuvent même supporter un mouchoir sur la tête. Leurs cheveux sont longs et flottans.

Les femmes travaillent en général beaucoup plus que les hommes ; tous les plus gros ouvrages sont à leur charge. Ce sont elles qui pilent le riz dans les mortiers pour le rendre potable. Comme ce grain compose leur principale nourriture, c’est aussi le seul objet de leur culture. Les environs de Samboangan offrent des plaines et des carrés magnifiques de cette plante substantielle, qui y réussit à merveille. Le terrain lui est si convenable, que j’en ai vu de près de cinq pieds de hauteur couvert des plus belles panicules chargées de gros grains bien nourris.

En parcourant les bois et les champs cultivés de ces contrées, je cherchais toujours à m’éloigner le plus possible de la ville, espérant trouver des objets plus beaux et plus rares. Je désirais me procurer des végétaux en nature, principalement de ceux qui pouvaient m’être inconnus. Je fus un jour extrêmement surpris, en