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RELÂCHE À LIMA.

fictive ? Les armateurs de Bordeaux durent, à cette époque, faire des pertes assez considérables, d’autant plus que les intermedios leur étaient fermés par un blocus sévère. Les Espagnols tenaient encore à cette époque Pisco, Arequipa et Atrica. Les premiers billets de la banque de Lima parurent en 1821, et ce n’est qu’en 1822 qu’on frappa des pesos avec les emblèmes de la république.

Le Pérou a été la dernière vice-royauté d’où furent chassés les Espagnols. De grandes vicissitudes marquèrent les hostilités des partis royaliste et républicain, et les revers comme les succès passèrent successivement d’un camp dans l’autre. La cause de l’indépendance triompha enfin, et la couronne d’Espagne vit s’évanouir sans espoir son autorité sur cette riche Amérique, qu’elle avait conquise au prix de tant de massacres, et avec un héroïsme terni par le fanatisme le plus cruel. C’est à sa possession que l’Espagne a dû l’immense prépondérance dont elle a joui dans le monde, et son influence dans les affaires de l’Europe ; mais c’est aussi à ses conquêtes qu’elle a dû cet or qui a détruit son industrie, amolli son génie, et rivé les chaînes que lui forgea avec art un clergé envahisseur et ennemi des lumières.

Lors de mon passage à Lima, les républicains essayaient de rétablir l’ordre dans les finances, jusque là gaspillées sans pudeur. La junte administrative, composée de trois membres, et les députés des provinces assemblés pour promulguer les lois, étaient accusés de faiblesse, de lâcheté et même