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RELÂCHE À LIMA.

Lord Cochrane, dégoûté de la turbulence de ces ignorans républicains et de la versatilité de leur gouvernement, avait abandonné tout récemment le service des indépendans et s’était rendu au Brésil, où l’empereur lui avait fait offrir un grade élevé dans la marine impériale. Les Péruviens, jaloux et envieux par nature, exaspérés d’ailleurs par un état permanent de révolution, l’accusaient de toute sorte de dilapidations : il leur avait emporté, disaient-ils, trois millions de piastres, avait pillé les villes prises ; en un mot, la vindicte publique semblait le poursuivre pour outrager son nom. Quelques Anglais au service des indépendans partageaient aussi cette manière de voir, car le capitaine de vaisseau Esmonday, commandant la frégate la Proueba, interpellé par un de nos officiers en présence de notre état-major, sur les motifs présumés du départ de lord Cochrane d’un pays qui était pour lui une patrie adoptive, répondit gravement en espagnol, que je traduis mot à mot : C’est parce que le Brésil est plus métallique ! L’ancien directeur Saint-Martin, depuis quelque temps retiré des mouvemens politiques, vivait complètement ignoré, et cependant tous les journaux des premières époques de la guerre lui avaient consacré leurs colonnes louangeuses ; des cantates d’un patriotisme ardent avaient célébré les hauts faits de ce général, et des médailles frappées en son honneur rappelaient que la patrie lui devait son indépendance. L’une des médailles du temps que je possède représente le soleil, emblème du Pérou,