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VOYAGES.

mit toutes les embarcations à la mer, et nous nous fîmes remorquer. Près des terres cependant la brise nous adonna, et, après avoir parcouru les sinuosités de l’entrée, nous mouillâmes dans le port du Croc, près de deux bricks désarmés, abandonnés, dégréés, et dont les propriétaires, occupés à la pêche, ne se servaient que pour leur traversée. Ce port est situé au nord-est de l’île par 58° 10′ de longitude ouest, et 58° 3′ 17″ de latitude.

Il est presque circulaire, et on y est parfaitement à l’abri. L’entrée en serait assez difficile à distinguer, même de près, s’il n’y avait un gros cap nommé Cap-de-Vent, à babord en entrant, sur lequel est un mât surmonté d’un ballon.

Au fond du port, à gauche, est l’embouchure d’une jolie rivière de trois cents pieds de large environ, longée de collines couvertes de sapins, de rochers, et faisant plusieurs détours qui la rendent très-pittoresque : c’est l’Épine Cadoret. À droite, en remontant sur une éminence couverte de verdure, où s’élève un bouleau solitaire, est situé le cimetière. Il y a trois croix, et deux bornes sur lesquelles sont les noms de deux jeunes aspirans anglais, âgés, l’un de vingt-un ans, l’autre de dix-neuf, qui ont péri dans un snow-storm, ou tempête de neige.

Ce que je vis au premier abord de ce pays me parut charmant, pittoresque et sauvage ; tout y était très-vert, et les bois, composés presque uniquement de bouleaux et de sapins, couvraient une gradation de collines entassées les unes sur les autres. La vé-