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VOYAGES.

clinés de manière à laisser écouler l’eau, s’il vient à pleuvoir pendant la nuit.

Le cinquième soir, le poisson est regardé comme sauvé, et reste dans cet état pendant huit jours et même quinze, si le temps est mauvais. On en fait alors de grosses piles, semblables à des meules de foin, le dos en l’air et le tout recouvert de paillassons retenus par de grosses pierres pour les abriter des rosées abondantes qui tombent pendant les nuits d’été. On doit les étendre encore une fois avant de les emmagasiner, ou de les mettre à bord des bâtimens qui les emportent à la Guadeloupe, à la Martinique, en France, en Espagne, en Italie, en Grèce, etc.

Comme une seule goutte d’eau peut non-seulement gâter un poisson, mais encore communiquer l’infection à toute la pile et à toute la cargaison, on examine avec soin l’état du ciel, pendant qu’il est à sécher, et à la moindre apparence de pluie il est immédiatement retourné. Il y a encore beaucoup de précautions à prendre, qui rendent cette pêche très-difficile et fatigante. Les endroits pour sécher la morue s’appellent vignots et rames. Ce sont des lits de branches de sapin, sur lesquels on place le poisson : les premiers diffèrent des seconds en ce qu’ils sont élevés de terre sur des piquets, pour laisser l’air circuler autour. Il y a ensuite les galets, les graves, etc.

Le gouvernement a voulu jusqu’à présent que chaque bâtiment de pêche eût un chirurgien à bord, et les capitaines voulant les employer, leur font décoller les morues…

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