Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 1.djvu/349

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
335
TERRE-NEUVE.

les forêts, se faisant des pirogues en peau, quand il y avait quelques lacs à traverser, et vivant des castors et des caribous qu’ils tuaient.

Les côtes françaises étant les seules qu’ils n’eussent pas visitées, la société les renvoya de nouveau, et leur donna une lettre pour le commandant de la station, en le priant de leur accorder aide et protection.

Ils étaient très-cuivrés et sans barbe ; leurs culottes étaient de peau, et ils portaient des mocassins pour chaussure. Leurs cheveux étaient noirs, lisses et très-longs, et ils avaient chacun un fusil de fabrique anglaise.

Jusqu’alors leurs recherches avaient été infructueuses, et ils supposaient qu’il n’existait plus d’Indiens rouges dans l’île. Cependant ils étaient dans l’erreur, car à notre retour à Saint-Pierre on nous raconta qu’une petite fille de Saint-Jean, étant hors de la ville à cueillir un fruit nommé plates-bières, fut tout à coup effrayée en voyant un Indien arrêté devant elle à quelque distance. Elle poussa un cri, et à l’instant même une flèche vint s’enfoncer avec force à ses pieds. Elle cria au secours, on accourut ; le sauvage fut poursuivi, on envoya des soldats faire des battues dans les environs, mais on ne put le retrouver. La pointe de la flèche était faite avec un gros hameçon redressé. Le peu de ces Indiens qui étaient dans l’île ont été en grande partie détruits, comme des bêtes fauves, par les Anglais qui habitent les côtes. Pressés par la faim et le besoin, ces mal-