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TERRE-NEUVE.

à la recherche d’autres prairies, jusqu’à ce que les bâtimens soient chargés, ou que quelques avaries les forcent à se diriger sur un port. Un voyage est achevé en général en six semaines, et si la glace et les loups marins sont abondans sur les côtes, on peut en faire deux avant la fin de mai, chaque homme rapportant de 250 à 300 francs.

Cette chasse cependant n’est pas toujours heureuse, et souvent les bâtimens sont écrasés par les glaces qui les resserrent : en 1811, plus de la moitié des pêcheurs y périrent. La graisse est plus tard séparée et fondue par différens procédés et on l’embarque. Cette huile devient alors une cargaison des plus précieuses ; un bâtiment chargé de sel, faisant une voie d’eau, courra le plus grand danger, tandis qu’un bâtiment chargé d’huile, quelle que soit la voie d’eau qu’il fasse, ne coulera pas ; l’huile le tiendra à flot.

La pêche de la baleine se faisait aussi anciennement à Terre-Neuve, mais on y a renoncé. En 1594, elles étaient beaucoup plus nombreuses dans ces latitudes et d’une taille plus grande que celles qu’on y trouve actuellement ; en 1782 encore, la pêche de la baleine était considérable à Nantucket, dans la Nouvelle-Angleterre, où on en connaissait onze espèces.

Plusieurs Français échouèrent en voulant essayer cette pêche et la dernière tentative fut faite, il y a quelques années, par un pêcheur de la baie de la Conception. Il arma une embarcation exprès, et partit sans avoir aucune idée de l’adresse et de l’habitude que demande cette pêche. On sait que la corde au