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L’ALABAMA ET LES FLORIDES.

en 1816, pour tenir en bride les peuplades sauvages de la Géorgie et des Florides qui avaient pris les armes. Ce fort est bâti sur une position avantageuse ; c’est une langue de terre baignée de trois côtés par le Murder-Creek (rivière du meurtre). Le 14 juin, il suivit la direction sud-est du golfe du Mexique pour gagner les collines qui se prolongent de Pensacole à Talahassee. Ces collines sont stériles, il n’y croît guère que des pins ; mais à leurs pieds se trouvent des plaines arrosées par de nombreux courans d’eau, et couvertes de la plus riche verdure. Les cèdres, les lauriers, les cyprès, les magnolias y procurent un ombrage frais ; les bois sont peuplés d’une grande quantité d’oiseaux du plus beau plumage ; mais celui qu’on y rencontre avec le plus de plaisir, c’est le dindon sauvage, dont la chair est succulente. On trouve le long des ruisseaux des tortues pinières ; leur chair a le goût de celle du gibier d’eau ; elle fait une bonne soupe. Ces amphibies habitent des tanières qu’ils creusent dans la terre avec leurs robustes pates ; ils en sortent la nuit pour paître l’herbe fraîche, et à la première lueur du soleil ils rentrent dans leur retraite. Le pasteur logea le soir chez le maître de poste, qui habite sur le bord de la rivière de Cunecuh, la branche la plus considérable du fleuve Escambia, lequel va se jeter au nord-ouest de la baie de Pensacole. Le 15, il passa, non sans peine, la rivière Jaune. En général, les rivières de l’Amérique sont très-encaissées et parfois profondes. Les gués et passages sont fort rares. Le soir, il logea dans une cabane solitaire, habitée par le juge de paix de cet arrondissement. Le 16, M. Portier, après sept heures de marche arriva chez un vieil Écossais presbytérien, où il déjeuna avec du vieux lard et du