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Album.


Élévation, par M. Alfred de Vigny ; chez Gosselin, libraire, rue Saint-Germain-des-Prés, no 9.

Ce poème, sorte de rêve symbolique, est détaché d’un recueil inédit et incomplet encore, intitulé : Élévations. Comme il fait voir notre Paris de 1831 sous un aspect politique et philosophique, M. Alfred de Vigny a voulu lui donner sa date. En effet, le temps emporte si vite les événemens et les impressions qu’ils font naître ! Mais il n’en est pas de même des ouvrages profondément pensés et des compositions véritablement poétiques ; chaque jour les consolide et les grandit encore. C’est le sort qui attend cette nouvelle production de l’auteur de Cinq-Mars, du poète d’Eloa. Elle est à la fois de circonstance par le sujet, et de tous les temps pour le talent. La riche imagination, et toute la forte et brillante poésie de M. Alfred de Vigny, se sont jamais alliées à une pensée plus haute et plus sévère.

Le poète, planant sur Paris d’une tour élevée, compare la grande ville à une roue immense qui imprime le mouvement à tout le reste.

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« Vois-je une roue ardente, ou bien une fournaise ? »
— Oui, c’est bien une roue ; et c’est la main de Dieu
Qui tient et fait mouvoir son invisible essieu.
Vers le but inconnu sans cesse elle s’avance.
On la nomme Paris, le pivot de la France.