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SOUVENIRS D’ORIENT.

La population de cette ville, toute musulmane, paraît être de trois à quatre mille âmes. Les rues sont étroites, tortueuses, sans pavé. La plupart des habitations sont fort mesquines ; ceux qui les occupent ont un aspect assez misérable ; un grand nombre appartiennent à la race nègre. Avant d’arriver à la porte, nous avions trouvé près du débarcadère un cloaque fétide qui doit rendre ce séjour malsain.

Chandler témoignait, dans son Voyage, le regret de n’avoir pu visiter la portion occidentale de l’Ionie, où nous nous trouvions alors[1]. Bien que très-rapprochée d’un comptoir européen, elle est peu fréquentée par les voyageurs, à cause des brigands qui infestent souvent ces parages[2], et des difficultés que présente l’Hermus, qu’il n’est pas toujours possible de passer à gué. J’étais bien aise de pouvoir reconnaître cette portion du pays, et je proposai au docteur P., que j’avais déterminé à m’accompagner à Smyrne, de prendre cette route pour nous y rendre. Il accepta ma proposition ; nous fîmes demander des chevaux et un Tartare, et quittâmes Foglieri le 8, à six heures du matin. La douane turque est d’une extrême facilité ; elle ne s’enquit point de notre bagage. Nous lui donnâmes pour tout régal un sabahunuz khair olsoum[3], dont elle se contenta. Un doganiere italien ne nous en eût pas tenu quittes à si bon marché. Le plus despotique de tous les gouvernemens n’exigea non plus ni visa, ni passeport, et, libres

  1. Tome I, page 166. – Édit. De 1806.
  2. Sur le rivage opposé du golfe, la Contemporaine, arrivant d’Égypte et se rendant de Tchesmeh à Smyrne, fut dévalisée, peu de temps après mon départ, par une bande de Samiens, tant la malheureuse Ida paraît vouée par le destin aux grandes aventures.
  3. Bien le bonjour.