Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 1.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
61
SOUVENIRS D’ORIENT.

guide ; n’approchez pas, c’est le monument des génies. » On pense bien que cette invitation ne fit que hâter ma marche ; en quelques instans j’étais arrivé. Son aspect présentait quelque chose de mystérieux. C’était une élévation de rocher d’une pierre noire basaltique, taillée à l’extérieur de manière à présenter l’apparence de trois masses cubiques, dont deux auraient été juxtaposées, et dont la troisième, élevée par quelques marches, aurait été posée sur la première. J’entrai dans les chambres intérieures, elles étaient complètement vides. Pendant que nous étions occupés à lever des plans[1], un Arménien, qui fut fort étonné de rencontrer des Francs dans ce lieu, vint nous rejoindre. Je tâchai d’obtenir de lui quelques explications sur le nom de monument des génies donné à cette construction ; il ne nous répondit rien de satisfaisant. Il était évident que la partie antérieure, faisant face à l’est, avait contenu autrefois une inscription. Les tenons sculptés dans l’encadrement ne pouvaient laisser aucun doute à cet égard, mais vainement cherchâmes-nous dans les environs des débris de marbre. Il y avait beaucoup de cailloux roulés, mais rien qui ressemblât à une plaque pouvant conserver des fragmens de lettres. Aussitôt après mon arrivée à Smyrne, je demandai à mon savant collègue, M. Fauvel, s’il connaissait ce monument : il en ignorait l’existence. On peut donc le considérer comme entièrement neuf, et c’est là ce qui me décide à en publier la coupe et l’élévation. Il y a tout lieu de présumer qu’il était destiné à servir de

  1. Longueur,
    8 mètres 65

    Hauteur,
    6 mètres 48

    Largeur,
    5 mètres 85
    Ouverture,
    0 mètres 45