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VOYAGES.

tion d’un roi, et de l’élection d’un autre. J’entendis pour et contre des discours que n’auraient pas désavoués les orateurs de quelques nations policées. Enfin Peskahoué descendit du trône avec toute la dignité d’un Lacédémonien, et Kendousona, qui le remplaçait, lui tendit la main d’un air de générosité et de grandeur d’âme tout-à-fait remarquable.

Le général américain Cass, gouverneur du territoire du Michigan, fit un voyage, il y a environ trois ans, pour remonter à la source du Mississipi. Il était accompagné par quelques chefs cypohais ; et dans le but de perpétuer le souvenir de son expédition et de la rendre plus utile, il employa tous ses efforts pour mettre fin aux causes d’animosité qui existaient entre cette tribu et les Sioux. Il y réussit ; mais la paix qu’il parvint à conclure s’évanouit aussi rapidement que la fumée des calumets qui avaient servi à la célébrer.

Le major Tagliawar, commandant du fort Saint-Pierre, animé par la plus noble et la plus généreuse philanthropie, profita du grand nombre de Cypohais qui se trouvaient rassemblés pour renouer cette paix, et à cet effet, il fit engager les Sioux à se rendre à la réunion. Au jour indiqué, la salle du conseil, c’est-à-dire la cabane construite en troncs d’arbres posés les uns sur les autres, qui avait été désignée pour le lieu de la réunion, fut remplie par les envoyés des deux tribus. Les Sioux occupaient la droite, et les Cypohais la gauche. Après diverses accusations et tout autant d’excuses sur les infractions faites au traité, Ouamenitonka, un des chefs des Sioux, alluma le grand calumet de paix et de concorde éternelle. Sa physionomie grave et pleine d’une majesté sauvage donnait à la cérémonie quelque chose d’imposant. Il présenta horizontalement le calumet à