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VOYAGES.

pas cessé d’unir la France à la Grèce ; tout ce qui se rattache surtout à cette cité dont le nom rappelle l’ère la plus brillante des temps antiques excite notre intérêt : c’est ce qui m’enhardit à rassembler quelques notes écrites à la hâte pendant une rapide excursion dans Athènes. Mon unique but, on doit le sentir, est de faire connaître en peu de mots l’état actuel de cette ville ; il y aurait trop de ridicule à vouloir ajouter quelques faits nouveaux aux relations si instructives et si complètes de Spon, de Chandler et de Choiseul, toute la durée de mon séjour en Grèce ayant été d’ailleurs consacrée à la recherche des traces de ces aventuriers illustres dont j’ai dit ailleurs les premiers exploits.

Avant d’aborder l’Attique, j’habitais depuis quelque temps Égine, et la capitale nouvelle de la Grèce régénérée peut bien évoquer aussi de nombreux souvenirs. Sans remonter aux temps mythologiques, à l’époque où cette île recélait les mystérieuses amours de la fille d’Asope et de Jupiter, la vieille terre d’OEnopie est fière d’avoir accueilli et consolé Aristide et Démosthènes dans leur exil. Égine offrait aussi ses bosquets de lauriers, de myrtes et de roses à la voluptueuse Laïs, quand, fatiguée du tumulte d’Athènes, elle voulait s’environner d’ombre, de silence et de paix. C’était là qu’Aristippe venait chercher quelque trêve à ses douleurs, alors que l’infâme arrêt de l’Aréopage lui enlevait son vieux maître et son ami[1]. Trois cents temples, ornés des chefs-d’œuvre de l’école nationale[2],

  1. Plat. Phed. Ce philosophe fut lui-même vendu comme esclave à Égine. Plutarq. in Plat.
  2. Cette école avait produit le peintre Lysippe, et les sculpteurs Callon, Onatas, Callitèle, Glaucias, Anaxagore et Simon.