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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

mie. Un d’eux, un musahib, demandait s’il était vrai que le fils de Napoléon eût une boîte dans laquelle il put se mettre pour traverser les airs. — De jeunes Grecs, de jeunes Juifs y étaient élevés à la manière des femmes, dans leurs danses, leurs caresses. La faveur y était souvent le prix de la beauté de l’homme. — Le sérail n’était qu’une prison un peu mieux faite, et encore aujourd’hui les courtisans vivent la plupart couchés au pied de leur maître ou sur leurs moelleux divans ; le seul exercice qu’ils prennent, c’est de tirer un certain nombre de coups de flèches sur un but placé dans leurs appartemens. Du reste, ils n’ont sous les yeux aucune partie de ce luxe aux formes élégantes, heureuses, aucun tableau, aucun livre, rien qui change l’ordre matériel de leurs idées. Ce sont des murs nus, quelques coffres, un sabre formant trophée avec des pistolets, un esclave debout et à la figure immobile. Quelquefois on les voit fixer stupidement leurs regards sur une longue vue, à travers laquelle ils étudient le monde. Chez le secrétaire du sultan, on n’aperçoit pas un kalem (plume), pas une feuille de papier ; seulement, quand les Européens paraissent, on voit aussitôt se mouvoir le télégraphe des doigts ; le langage des muets devait convenir à des esclaves. — Les exorciseurs sont encore à la mode ; des derviches viennent au sérail, conjurer de petites figures de cire, et Achmed, capitan-pacha, croyait que son hydropisie était due à une belette qu’il avait dans le ventre. — Les forteresses de la mer Noire ne tenaient tant à cœur aux grands de la Porte que parce qu’elles leur servaient de dépôts pour les esclaves qu’ils tiraient de la Géorgie, de la Circassie. — Enfin, c’est aux alentours des palais impériaux que l’on voit le plus d’immondices : les chiens, les vautours, les goëlans, s’y