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VOYAGES.

» Or, le seigneur a fait battre les tambours, a réuni ses esclaves.

— » Qui de vous, dit-il, a poussé ce grand soupir ?

— » C’est moi qui ai soupiré, répondit Constantin ; car c’est aujourd’hui samedi, et demain, dimanche, se marie ma fiancée, la fiancée de mon cœur. — Prends ces neuf clefs, va dans l’écurie ; il y a neuf chevaux, choisis celui qui te plaira : le blanc comme l’albâtre, le rouge comme le pavot, le noir comme l’olive, l’agile comme l’épervier. — Constantin choisit le dernier et partit, partit au grand galop.

» Chemin faisant, il rencontra sa sœur Florentine.

— » Où vas-tu, jeune fille ? — Je vais me précipiter dans un abîme, car demain, dimanche, se marie ma belle-sœur, la fiancée de mon frère Constantin. — C’est moi qui suis Constantin. — Galoppe ! galoppe ! si tu veux arriver à temps.

» Chemin faisant, il rencontra son père. — Où vas-tu, bon vieux ? — Je vais me précipiter dans un abîme, car demain, dimanche, se marie ma bru, la fiancée de mon fils Constantin. — C’est moi qui suis Constantin. — Galoppe ! galoppe ! si tu veux arriver à temps.

» Chemin faisant, il rencontra sa mère. — Où vas-tu, bonne femme ? — Je vais me précipiter dans un abîme, car demain, dimanche, se marie ma bru, la fiancée de mon fils Constantin. — C’est moi qui suis Constantin. — Galoppe ! galoppe ! si tu veux arriver à temps.

» Constantin galoppa donc, et ne s’arrêta que devant la maison de sa fiancée. Il planta le fiamero[1] au

  1. Le fiamero est une pique au bout de laquelle flottent un mouchoir et des rubans.