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hommes, dont deux mille archers. Ils n’ont ni villes, ni vaisseaux, ni chars de guerre, et habitent de nombreux villages. C’est chez eux, dans les villages de Gabara, d’Oryx et de Gadra, que se trouvent les Bétyles[1], qui sont aussi des oracles établis par Ouranos. Les plus célèbres sont sur le sommet du mont Zetunus qui est couvert d’oliviers et sur la route qui conduit des montagnes à Tyr. Sur la montagne qui lui fait face, est le village de Momigura, où se trouve une forteresse avec des retranchemens et une garnison.
§ iii. — ÉNUMÉRATION DES FORCES DE TYR. (Chap. 9.)
Ces villes, ces villages, ces montagnes, sont tributaires du roi Joram : et quand ce prince se dispose à la guerre, il rassemble à Tyr toutes les forces militaires dont il dispose, savoir : six cent huit mille combattans, cent quatre-vingts chars, six mille doryphores, deux mille cinq cents archers et trois cent vingt-cinq trirèmes. Si la guerre doit avoir lieu sur mer, les habitans des îles et des colonies lui envoient leur contingent, qui consiste en soixante-dix mille soldats, deux mille six cents archers et trois cent dix-huit vaisseaux de transport.
§ iv. — POSSESSIONS DES TYRIENS AU-DELÀ DE LA MER. (Chap. 10-14.)
La première des îles est Cittium (Chypre). Elle est fertile et bien peuplée. L’intérieur de l’île est habité par des barbares impies et grossiers qui ressemblent par les mœurs et par le langage aux géans du mont Liban. Sur les côtes, riches en ports, sont situées des villes, des villages et des forteresses bâties par nos ancêtres. La ville de Cittium, fondée par Demaroon, a une armée de dix mille hommes, soixante galères et cinq cents archers ; mais elle n’a pas de chars, l’usage en étant inconnu dans les îles. Dans la même contrée se trouvent encore les villes de Lydana et de Gola, ainsi que beaucoup de villages. L’île renferme encore la ville de Masuda[2], qui fut fondée par le Sidonien Bimalus, et peut équiper quatre mille hommes et vingt galères. Près de cette ville, au sommet d’une montagne, est un grand autel élevé à Kronos, et qui, brillant toujours d’un vif éclat, peut être aperçu des navigateurs même par un temps pluvieux.
En naviguant vers l’occident, on rencontre l’île des Rhodiens qui, en cas de guerre, peut fournir trois mille hommes et dix vaisseaux. Les Sidoniens, dans des temps fort reculés, y ont fondé une ville ; mais l’infertilité du sol a contraint les habitans à l’abandonner, et depuis lors ils vivent dispersés dans plusieurs villages.
La côte opposée est au contraire fertile et très peuplée. On y trouve
  1. Les Bétyles étaient des pierres rondes auxquelles on attribuait une vertu prophétique. Il en est question dans la Genèse, xxiv, 18 et suiv.
  2. M. Grotefend croit voir dans Masuda les traces du nom d’Amathonte (Amathus).