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tous les esprits. Il annonça avec une certaine réserve l’intention d’en favoriser l’adoucissement. La levée de boucliers de la Caroline du Sud vint bientôt l’obliger de dire son dernier mot. En cette circonstance sa conduite fut pleine de dignité et de grandeur. La Caroline du Sud avait cassé les actes du congrès sur les douanes, et signifié au gouvernement fédéral un ultimatum qui ne donnait que quelques mois au congrès pour qu’il les annulât lui-même. Le général, pour la première fois de sa vie, n’accepta pas le défi qu’on lui lançait. Il fit un appel au patriotisme de ses concitoyens ; il invoqua la sainte cause de l’Union. Tout en avertissant les Caroliniens qu’il ferait son devoir jusqu’au bout, il les adjura au nom de tout ce qu’ils avaient de plus sacré, de repousser les funestes conseils qui les poussaient vers la guerre civile. En cette circonstance, les adversaires les plus déclarés du général l’aidèrent de tout le poids de leur crédit et de leur éloquence. M. Webster fit frissonner tout le monde par les paroles dont il fit retentir l’enceinte du sénat ; M. Clay, l’un des premiers stratégistes parlementaires du siècle, imagina une combinaison qui devait satisfaire tous les intérêts, et la présenta à propos, au moment où les esprits fatigués se demandaient quelle serait la fin du débat. Le 1er mars 1833, son bill conciliatoire[1] reçut la signature du président. La question des manufactures fut résolue : à partir du 1er juillet 1842, tous les droits protecteurs seront réduits à vingt pour cent au maximum. D’ici là, on les rapproche peu à peu de ce chiffre par des réductions graduées qui ont lieu de deux en deux ans : une réduction considérable aura lieu, le 30 juin 1842.

La Banque des États-Unis avait besoin d’une nouvelle charte en place de la sienne qui allait expirer bientôt (le 3 mars 1836). Cette institution utile n’avait alors que peu d’antagonistes, mais elle déplaisait au général. En 1832, le congrès ayant accordé à la Banque l’autorisation qu’elle demandait, le président fit encore intervenir son véto, et commença ainsi contre la Banque une guerre qui n’est pas terminée encore.

Dans sa passion pour les partis pris, il mit en avant des maximes politiques de son cru, ou de l’invention des démocrates les plus fougueux. Ainsi, il lança le principe de la non-éligibilité des mem-

  1. On l’appelle ordinairement bill de M. Clay (M. Clay’s bill).