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AFFAIRES DE L’AFAGHANISTAN.

de la Russie dans la haute Asie. Nous nous bornerons, pour terminer cette partie de notre exposé historique, à résumer en peu de mots les faits de quelque importance relatifs au siége d’Hérat depuis le mois d’avril 1838.

Au mois de mai, M. Mac-Neill spécifie, par ordre de son gouvernement, les motifs de plaintes que le cabinet anglais croit avoir contre le gouvernement persan, et, au commencement du mois de juin, les concessions faites par ce dernier gouvernement ne paraissant pas suffisantes, M. Mac-Neill annonce sa détermination de quitter la Perse, et se met presque immédiatement en marche vers les frontières de la Turquie. De Tehran, il envoie, le 30 juillet, sur de nouvelles instructions, son dernier ultimatum au shah de Perse, par le colonel Stoddart. Dans l’intervalle (20 juin), une expédition anglaise débarque à l’île de Kharak, dans le golfe Persique, et s’en empare. Le shah donne l’assaut à la citadelle d’Hérat le 23 juin, et est repoussé avec une perte immense. Il n’en est pas moins résolu de continuer le siége ; mais la nouvelle de la prise de Kharak et la réception de la lettre menaçante de sir J. Mac-Neill le déterminent enfin, le 9 septembre, à abandonner ses projets et à lever le siége. Dans une proclamation à son peuple, le shah n’hésite pas à assigner pour cause de cette détermination soudaine la conduite de l’Angleterre, qui, méconnaissant les traités encore en vigueur, le menace d’une guerre immédiate, et, comme manifestation de ces sentimens hostiles, a déjà envoyé une expédition armée dans le golfe Persique ! Cette expédition n’était, en effet, que le prélude d’opérations plus importantes et plus décisives. Le gouverneur-général de l’Inde avait résolu d’assurer par la voie des armes le triomphe de l’influence anglaise dans l’Afghanistan.

Comme la déclaration du gouverneur-général, au moment où l’armée se préparait à entrer en campagne, contient une exposition, faite de main de maître, de l’état des relations de son gouvernement avec les princes du nord-ouest de l’Inde, et comme, d’ailleurs, elle récapitule avec beaucoup de force et de clarté les motifs politiques qui ont, selon lord Auckland, nécessité l’expédition de l’Afghanistan, nous ne pouvons mieux faire que de donner ici une traduction complète de ce manifeste et de la déclaration non moins remarquable dont il a été suivi, lorsque le gouverneur-général a appris la retraite des troupes persanes devant Hérat. Le premier de ces documens porte la date du 1er octobre 1838. En voici la teneur :

« Le très honorable gouverneur-général de l’Inde ayant, avec le