Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 22.djvu/247

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
243
LE TEXAS ET SA RÉVOLUTION.

je n’ai fait qu’exécuter les ordres du gouvernement mexicain. — Mais c’est vous qui êtes ce gouvernement, lui dit Houston. » L’entretien continua encore quelque temps, et Santa-Anna réussit à se concilier la bienveillance d’Houston, qui le protégea contre l’exaspération des Texiens, et ne voulut point souiller sa victoire par un meurtre inutile.

Cependant la convention nationale, convoquée à Washington pour le 1er mars, avait promulgué le 2 la déclaration d’indépendance du Texas, rédigé une constitution, voté quelques lois d’urgence, et organisé un pouvoir exécutif par intérim, dont M. David Burnet était président, et Lorenzo de Zavala vice-président, avec quatre ministres, un procureur-général et un directeur-général des postes. Nous ne ferons point l’analyse de la constitution du Texas ; il suffira de dire que, modelée sur celles de la plupart des états de l’Union anglo-américaine, elle est purement démocratique. Un président élu par les citoyens pour deux ans d’abord, et ensuite pour trois ans, non immédiatement rééligible, avec un droit de veto suspensif, le moins de pouvoir possible, et dix mille dollars d’indemnité annuelle ; un vice-président ; une chambre des représentans renouvelée tous les ans ; un sénat renouvelé tous les trois ans ; la plupart des places à la nomination du congrès ; le jury, et l’esclavage à perpétuité, toutefois avec l’interdiction de la traite et sous la condition que les esclaves ne seront importés que des États-Unis : tels sont les traits essentiels de cette constitution fort simple et aussi peu savante que neuve. Mais dans l’Amérique du Nord l’espace tient encore lieu de tout.

Le gouvernement provisoire du Texas avait suivi le mouvement de retraite du général Houston devant l’armée de Santa-Anna. Ce fut dans l’île déserte et nue de Galveston qu’il reçut le 25 avril la nouvelle de la victoire de San-Jacinto, et, quand le président Burnet arriva le 1er mai au quartier-général, Houston avait déjà conclu avec Santa Anna une convention par laquelle ce dernier s’engageait à faire évacuer le Texas par ses troupes. On lui garantissait la vie sauve. Le ministre de la guerre, qui suivait l’armée, avait donné son assentiment à cette convention, que Santa-Anna s’était empressé d’exécuter en adressant aux généraux Filisola, Gaona et Urrea, l’ordre de se replier sur Bejar et sur Victoria. Houston avait pris son parti en homme d’état. Le président Burnet et les membres de son cabinet l’approuvèrent, et deux traités réguliers, l’un patent, l’autre secret, furent conclus à Velasco, le 14 mai, avec Santa-Anna. L’évacuation du Texas par les troupes mexicaines, la restitution de toutes les pro-