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REVUE DES DEUX MONDES.

qu’il faut toujours tenir compte de l’imprévu, du bizarre même, avec les Orientaux, et qu’il est difficile, dans ces négociations délicates et trop prolongées, de ne rien rencontrer qui blesse un vieillard irascible et puissant.

N’oublions pas que maître d’une flotte et d’une armée considérables, et fier des succès de toute sa vie, il saurait s’ensevelir sous les ruines de son empire, plutôt que de se laisser paisiblement dépouiller des possessions qu’il a habilement et laborieusement conquises. Il faudrait pour les lui arracher une grande guerre que nul ne veut ni ne peut faire. Dès-lors le parti le plus sage pour tous est d’en finir au plus tôt. L’accord de l’Angleterre et de la France nous donne les meilleures espérances. Il y a là un vaste et beau champ ouvert à l’active habileté de notre cabinet et de notre diplomatie.


Un système d’attaques perfides a été organisé contre tous les organes de la presse qui ne sont pas hostiles au ministère. On ne craint pas d’assurer que leur adhésion est le prix d’une transaction d’argent. Ces accusations s’impriment à propos de tout ; dernièrement, à l’occasion d’une lettre sur l’état des sciences en France, n’a-t-on pas aussi imprimé que le château l’avait payée ? Il faut mépriser de semblables moyens de terreur ; celui qui reculerait devant ce système d’intimidation d’un nouveau genre perdrait toute liberté de mouvement. Pour nous, après avoir donné, une fois pour toutes, le démenti le plus formel à de tels accusateurs, rien ne nous détournera de la ligne que nous croyons devoir suivre. Nous appuyons le ministère dans la mesure de nos opinions ; nous le soutenons comme le seul qui nous paraisse dans ce moment pouvoir rendre au gouvernement du pays toute son énergie, et nous persévérerons tant que des faits graves et irrécusables ne viendront pas nous prouver que notre adhésion est incompatible avec nos principes.


À M. LE DIRECTEUR DE LA REVUE DES DEUX MONDES.
Monsieur,

Une lettre adressée par M. Arago à M. de Humboldt, et publiée récemment, contient le passage suivant :

« J’en dirai tout autant de la lettre insérée dans la Revue des Deux Mondes. Malgré mes instantes prières, l’auteur qui l’a écrite a refusé obstinément de livrer son nom à la publicité. En vérité, quel cas pouvais-je faire d’une œuvre qu’on n’osait pas avouer ? »

Ce passage, qui me concerne, exige quelques éclaircissemens.

Après la publication de la première de mes Lettres à un Américain sur l’état