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FEU BRESSIER.

fait une descente chez lui, et j’ai rapporté plein ma casquette de cerises grosses comme des prunes. — J’ai été le quatrième à la dernière composition, et j’aurais peut-être bien eu un accessit à la distribution des prix si nous étions restés à la ville. — Lilie a laissé tomber dans le bassin sa grande poupée, qui s’est noyée comme j’ai manqué de le faire dans le temps. À propos de Lilie, elle me charge de te dire que votre pêcher est plus grand qu’elle, et qu’il a eu quatre fleurs cette année, à ce que nous a dit Jérôme, car nous sommes arrivés trop tard pour les voir.

« Adieu, ton ami,
Ernest.

« Quand commencent les vacances chez vous ? Viens-tu cette année comme nous l’espérons ? »


PAUL SEEBURG À ERNEST MORSY.

« Ça n’est pas si amusant ici que la pension ; il faut que je pioche dur. Maman dit qu’elle n’a pas de fortune à me laisser, et qu’il faut que je me fasse un état ; cependant j’espère te voir aux vacances, c’est-à-dire dans trois mois. J’ai fait une épitaphe en latin pour la poupée de Lilie. Tu trouveras dans cette lettre des graines que tu lui donneras ; ce sont des reines-marguerites panachées magnifiques. Dis-lui d’en semer dans son jardin et dans le mien. J’espère que tu ne marcheras pas dessus, comme tu fais toujours.

« Adieu. Je t’embrasse ainsi que Lilie ; ton ami,
« Paul. »

Les vacances arrivèrent, et Paul Seeburg se mit en route pour la ville. Comme la route lui semblait longue ! Il avait appris au collége une foule de jeux innocens ; il savait faire des bagues de crin et des canards en papier qui marchaient. À peine fut-il arrivé, à peine eut-il embrassé sa mère, qu’il demanda quand il partirait pour la campagne de M. Morsy.

— Tu en es tout revenu, répondit Mme Seeburg ; je ne veux plus que tu les voies.

— Pourquoi donc ça, maman ? vous étiez si amis !

— Nous n’avons jamais été amis. C’étaient des connaissances que