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dustrie métallurgique en France fût mise en demeure, par une réduction des tarifs qui la protègent, de diminuer la valeur vénale de ses produits. Mais, en présence de l’accroissement extraordinaire qui se prépare dans la consommation, il serait imprudent, il serait coupable d’ajourner encore cette nécessité. À quelle limite doit s’arrêter la mesure pour ne pas ébranler nos établissemens métallurgiques, et pourront-ils soutenir la concurrence des usines belges dans le cas où nos tarifs leur retireraient toute protection de ce côté ? Pour résoudre cette question, il convient d’abord de préciser la différence normale des prix de vente entre la France, l’Angleterre et la Belgique. C’est ce que nous allons tenter, en prenant pour base de ce rapprochement les chiffres que les organes de l’industrie métallurgique ont eux-mêmes indiqués.

M. Talabot établit la comparaison ainsi qu’il suit :

RAILS ANGLAIS. RAILS BELGES.
1er octobre. 27 octobre.
Par cent kil. Par cent kil. Par cent kil.
Prix d’achat 
20 fr. 60 c. 23 fr. » c. 19 fr. 90 c.
Fret et transport à Paris 
4 » 2 » 2 »
Droit 
20 62 20 62 20 62
Total 
45 fr. 22 c. 45 fr. 62 c. 42 fr. 52 c.

Le prix des rails français rendus à Paris étant de 38 francs par 100 kilog., M. Talabot avoue que le fer français est protégé contre la concurrence de l’Angleterre au-delà de la nécessité. Mais il se hâte d’ajouter que la moindre réduction dans le droit d’entrée en France permettrait aux rails belges d’arriver à Paris à des prix inférieurs à ceux des usines françaises. Ainsi, la Belgique est en ce moment le point de mire de l’opposition que font les maîtres de forges à tout changement du tarif.

Les appréciations de M. Talabot pèchent par la base. Il a comparé le prix actuel en France, qui est l’expression d’un état régulier, avec des prix qui sont, en Angleterre et en Belgique, l’expression d’un état de crise. M. Flachat, dans une lettre à laquelle nous avons déjà fait allusion, paraît approcher davantage de la vérité.

« Le prix normal anglais, dit M. Flachat, n’est pas 206 fr. la tonne, c’est au moins 250 fr., et ce dernier prix n’a été obtenu que parce qu’il se trouve dans le pays de Galles des usines dont une est construite pour fabriquer 65 mille tonnes par an et dont les frais généraux sont diminués en proportion de cette immense fabrication. « Le prix normal de la fabrication des rails en Belgique, c’est-à-dire le prix qui sera demandé le lendemain du traité d’union, est facile à établir,