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armemens étaient simples alors : des canons, quelques vivres et quelques rechanges mal assortis, de l’eau bientôt pourrie, et on était en état de lutter avec tout le monde. Si on était armé aujourd’hui même, on ne pourrait lutter avec personne. Les complications successives qu’ont subies les armemens sont les conséquences des heureux progrès que n’a cessé de faire la science navale. C’est un des titres de gloire de la marine, elle les partage d’ailleurs avec toutes les autres branches du service public. Qu’on ne compare donc plus l’époque actuelle avec celle de Colbert.

On paraît croire que les fournitures de la marine se font d’une manière irrégulière. Rien n’est plus erroné. Toutes les garanties administratives sont données à la passation des marchés ; on procède absolument de la même manière que dans toutes les autres administrations publiques, avec les mêmes formules, avec des conditions analogues, avec publicité et concurrence, par soumissions cachetées Ce service est particulièrement entouré de toutes les précautions pour éviter la fraude. On a poussé les scrupules jusqu’à établir qu’aucun objet, quelque minime qu’il soit, ne puisse être admis dans un magasin, soit qu’il provienne du dehors, soit qu’il provienne d’un bâtiment, sans avoir été soumis à une commission ; puis, après chaque transformation qu’il subit, il est de nouveau soumis à une autre commission. S’il a besoin d’une réparation, une commission s’assure que cette réparation est nécessaire, et quand cette réparation est terminée, c’est encore une commission qui la vérifie. Enfin, quand il sort du magasin, cet objet est encore le plus souvent soumis à une nouvelle commission. Des formalités analogues ont lieu à bord des bâtimens pour tous les achats qu’ils font à l’étranger, de même que pour juger tous les objets hors de service. Peut-on donner plus de garanties ? Loin d’apprécier les efforts qu’il a fallu faire pour parvenir à ce raffinement de vérification, de tenir compte des difficultés sans cesse renaissantes que présente la nécessité de faire fonctionner un système aussi compliqué, on a paru vouloir tourner contre la marine ces efforts, lui faire un crime de ces difficultés. Oui, sans doute, il y a vice, mais vice de complication de surveillance qui a pour résultat définitif perte de temps et d’argent.

On a comparé notre administration avec celle des Anglais, et on a dit que les Anglais avaient infiniment moins d’employés que nous. Cette assertion est aussi erronée que tant d’autres. Le Navy List, pas plus que notre annuaire de la marine, n’indique tous les employés. L’amirauté anglaise n’a, dans ses attributions, ni les colonies, ni l’artillerie de marine, ni les travaux hydrauliques, ni les chiourmes. En distrayant du nombre de nos employés ceux qui appartiennent à ces services, on trouve que nous avons un peu moins d’un quart d’employés civils de plus que les Anglais ; mais les employés anglais,