Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 4.djvu/1106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

alors sans doute qu’il vous suffira du néant pour appuyer les fondemens de votre reconstructions vous apprendrez à créer quelque chose avec rien.

Alors sans doute les bons bourgeois se seraient regardés avec effroi, et leurs velléités démocratiques se seraient bien vite enfuies. Et cependant ce discours eût été la peinture fidèle des événemens qui devaient se produire plus tard. — Oui, le livre de M. Proudhon est la condamnation expresse de la révolution de février. Où était la nécessité de cette révolution ? Il a raison, en vérité : ou bien cette révolution n’avait aucune raison d’être, ou bien elle exprimait le besoin pressant de détruire tout ce qui subsistait encore d’autorité, de croyance aux contrats de respect aux lois pour y substituer l’anarchie, c’est-à-dire un gouvernement sans maître. – Puisque vous n’avez pas tout laissé à la spontanéité et à l’initiative des masses, qu’avez-vous donc fait ? Vous avez de plus en plus relevé le pouvoir, vous avez de plus en plus rapporté au gouvernement toute l’influence qu’il avait perdue ; vous avez redonné à l’autorité toute l’initiative et vous l’avez retirée au peuple, c’est-à-dire à la révolution. — Les Confessions d’un Révolutionnaire sont l’histoire de ces oscillations et de ces réactions vers le principe d’autorité. Aussi tous ceux qui prononcent le mot d’état, tous ceux qui aspirent à la dictature, quel que soit leur socialisme, il les tient pour réactionnaires. Vous, monsieur Louis Blanc, avec vos plans d’organisation par l’état, vous êtes un réactionnaire ; vous, monsieur Ledru-Rollin avec vos projets de dictature, vous êtes un réactionnaire ; — vous, messieurs Bastide, Marrast, Cavaignac, réactionnaires… Eh bien ! oui, répondrons-nous, il y a une immense réaction, et c’est là ce qui nous donne bon espoir. Oui, et c’est par cette dernière considération que nous terminerons il y a réaction vers les idées religieuses, en faveur de l’idée d’autorité des idées de devoir, d’obéissance et de respect. Depuis que nous avons subi l’épreuve de la réo1ution de février ; nous sommes meilleur plus virils, et c’est pourquoi j’espère bien que nous réussirons enfin à briser l’enchantement qui nous entoure et à dissiper tout ce monde de fantômes qui tourbillonne autour de nous.

Les révolutions ont cette conséquence toute spirituelle, qu’elles obligent à penser, qu’elles forcent l’esprit à s’appliquer, à chercher sur le sol nu de quoi se vêtir, se construire une demeure, des croyances pour se nourrir, des lois pour s’abriter. Les hommes sont peut-être meilleurs moralement après une révolution. S’ils n’ont pas la foi, ils ont à tout le moins le besoin de la foi, et ce doute intérieur qui leur fait dire : Si jusqu’alors je n’avais été qu’un insensé ! Ils étaient entrés dans la carrière des révolutions avec un esprit sceptique, un cœur insouciant, une ame indifférente ; puis voilà qu’ils sont entraînés dans