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« Messieurs, disait l’orateur, si j’ai toujours jusqu’à présent combattu le parti prussien dans la question impériale, ce n’était, croyez-le bien, ni par hostilité contre la Prusse, ni par dévouement à l’Autriche. Je n’avais qu’une seule pensée : je voulais empêcher que l’Autriche fût exclue de la famille allemande, je voulais épuiser tous les moyens pour conserver l’intégrité de la patrie. Tous les moyens ont été épuisés. Eh bien ! puisqu’il est impossible de nous rattacher la monarchie autrichienne, sachons, il le faut, sachons nous résigner à ce sacrifice, et organisons vigoureusement l’unité dans tout le reste de, l’Allemagne. Le temps presse ; les circonstances exigent une prompte décision ; les plus grands périls nous menacent ; il s’agit de défendre l’honneur du parlement et la souveraineté de la nation. Messieurs, la patrie est en danger ; je vous conjure de sauver la patrie. » Des applaudissemens enthousiastes accueillent ces paroles de M. Welcker, et l’assemblée décide que la proposition sera discutée dans le plus bref délai. Le débat, ouvert le 17 mars, fut inauguré par un brillant discours de M. Welcker. La charte d’Olmütz, on le pense bien, fournissait de puissantes armes à l’orateur, et M. Welcker n’eut garde de négliger ses avantages. Il fit ressortir avec force tous les inconvéniens de cette constitution du 4 mars ; il montra éloquemment quelle insurmontable barrière se dressait à l’avenir entre l’Autriche et l’empire d’Allemagne. « La constitution d’Olmütz, s’écria-t-il, réunit plus de vingt nations différentes en un seul et indissoluble faisceau et les députés de ces vingt nations, rassemblés dans un seul parlement ; auront à statuer sur les plus graves affaires de l’état. L’Allemagne n’admettra jamais une constitution de ce genre, sans sacrifier tous ses intérêts nationaux. » À cette Autriche si peu allemande, et qui cependant menaçait d’intervenir à main armée dans les affaires d’Allemagne, M. Welcker conseillait d’opposer la vraie patrie sérieusement et solidement constitué, Or, puisque l’Autriche se séparait de l’Allemagne, le chef de l’Allemagne ne pouvait être désormais que le roi de Prusse, et, en face de l’empire autrichien s’élevant comme une menace, il importait d’organiser au plus vite le véritable empire d’Allemagne, confié au seul souverain qui fût assez fort pour le représenter et le défendre. Un grand nombre d’orateurs prirent part au débat ; les principaux adversaires de la proposition furent les Autrichiens, les républicains, et, parmi les membres de la droite, ceux qui ne reconnaissaient pas à l’assemblée nationale le droit de créer un empereur. M. de Radowitz fut d’accord avec M. Vogt pour repousser les conclusions de M. Welcker. Leurs motifs, on le devine sans peine, étaient de nature bien différente, et tandis que M. de Radowitz attaquait l’esprit révolutionnaire du projet de loi, M. Vogt s’écriait : Si la patrie est en danger, ce n’est pas un empereur, c’est un dictateur qu’il faut élire !

L’union des républicains, des Autrichiens et des députés de la droite