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nement songe à nommer au commandement de la province un homme qui par sa longue expérience des Arabes et son contact avec eux, a su acquérir une grande influence sur ces populations mobiles dans tous les postes qu’il a occupés, M. le général Bosquet.

— Les chambres espagnoles sont à la veille de reprendre le cours de leurs travaux. Donneront-elles au gouvernement une majorité aussi compacte que dans la précédente session ? Tout le fait croire. La retraite de M. Mon ne change rien à la politique du cabinet, ni à sa situation vis-à-vis du pays. L’unique chance de dislocation pour la majorité est dans l’absence des difficultés et des dangers qui, en 1848, rallièrent au gouvernement toutes les nuances du parti conservateur ; mais, dans ce cas même, bien loin de créer des embarras, la demi-rupture de M. Mon et de ses anciens collègues ne serait plus qu’un accident heureux. L’ancien ministre réformateur se désignerait en effet assez aux regards pour grouper autour de lui tous les modérés dissidens, de sorte que le futur tiers-parti, si tant est qu’il arrivât à se dessiner, recevrait précisément son impulsion du plus actif promoteur des mesures que le ministère a pour mission et pour programme d’appliquer. M. Mon deviendrait ainsi, pour ses anciens collègues, un auxiliaire plutôt qu’un obstacle. Aux différences de situation près, il serait pour le cabinet de Madrid ce qu’est sir Robert Peel pour le cabinet de Saint-James ; un rival en principe, un point d’appui en fait. Ce stimulant d’une opposition bienveillante et loyale intervenant dans les questions courantes, non pour entraver le ministère, mais bien pour accélérer sa marche, pour partager sa responsabilité, serait peut-être plus nécessaire qu’on ne croit. Assurément, les anciens collègues de M. Mon n’ont pas abandonné ses plans financiers, ils les ont plutôt étendus ; mais ils tâtonnent un peu trop, quand plus que jamais ils ont le champ libre pour agir. La nouvelle loi douanière, par exemple, avait été assez mûrement étudiée pour qu’aucun doute ne pût planer sur son esprit : comment s’expliquer dès-lors le retard apporté à la promulgation de cette loi, si ce n’est par des scrupules hors de saison, par je ne sais quelle prudence vétilleuse qui s’attache gratuitement à ménager des exigences déjà vaincues et à tourner des difficultés déjà surmontées ? M. Mon, avec cette obstination systématique, avec ce caractère un peu entier, qui, dans ses rapports individuels, lui ont fait plus d’un ennemi, mais qui sont le secret de ses plus heureux coups de main politiques, M. Mon serait allé plus rondement au but. Et qu’importe en effet que la nouvelle loi douanière pèche par les détails ? La grande question, c’est d’utiliser en toute hâte et à tout prix le principe même de cette loi, c’est de supprimer la contrebande ; car voilà la condition première des innombrables réformes à opérer dans les finances, dans le personnel administratif, dans l’armée, dans tous les services publics.

Quel sera le rôle de l’ancienne opposition dans les luttes pacifiques qui vont s’engager ? Ce qu’il était dans la session précédente : l’inaction absolue. Dès 1848, à une époque où les idées révolutionnaires semblaient avoir conquis tout le reste de l’Europe, les principales notabilités du petit groupe espartériste des cortès avaient eu le bon esprit de refuser l’alliance des partis extrêmes, et, pour leur tendre la main, elles n’iraient certes pas choisir l’heure où ces partis ont perdu tout concours moral au dehors, tout concours matériel au dedans. Dernièrement, à propos des élections municipales, les démocrates du Clamor pu-