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Manche les associations particulières et les administrations locales prennent à leur compte des dépenses qu’il entre dans nos habitudes de laisser à la charge et de comprendre parmi les attributions du gouvernement. À proprement parler, il n’existe pas d’administration publique en Angleterre. Le ministère de l’intérieur n’a que la surveillance et le contrôle de ce qui se passe dans les trois royaumes. L’instruction publique est dans les mains du clergé, ainsi que des sectes dissidentes ; le clergé de l’église établie vit sur les produits de la dîme. L’état n’entreprend que par exception les grands travaux d’utilité nationale ; il n’exécute, n’entretient et ne développe ni les routes, ni les canaux, ni les chemins de fer. La justice même localise en Angleterre, ainsi que la police, qui veille à la sûreté des propriétés et des personnes. Enfin, ce n’est pas l’échiquier, c’est une banque qui fait le service de trésorerie et celui de la dette publique. Le budget réel de la Grande-Bretagne est une sorte d’édifice féodal, aussi bien que la constitution des trois royaumes ; il faut, pour composer l’ensemble des dépenses en recueillir un peu partout, et jusque dans la péninsule de l’inde, les élémens épars.

Le budget que nous propose le gouvernement pour 1850, si l’on en retranche la dotation de l’amortissement et les rentes rachetées, articles qui ne figurent pas dans les dépenses de l’Angleterre, descend de 1,591 millions à 1,146. Dans ces 1,446 millions se trouvent comprises les dépenses départementales et les dépenses communales pour une somme de 6 millions de francs ; mais il reste, pour compléter l’ensemble des dépenses de toute nature, à y ajouter environ 80 millions qui représentent la part des dépenses communales qui est défrayée par le produit des octrois. Les dépenses de 1850, celles du moins au regard desquelles on peut placer les dépenses de la Grande-Bretagne et de ses colonies, s’élèvent donc, en somme ronde, à 1,525 millions.

Prenons maintenant les dépenses de l’année 1848 en Angleterre. Elles figurent dans le budget général de l’état, les frais de perception et l’impôt étant compris, pour la somme de 58,990,734 livres sterling, qui représente au change de 25 francs 25 centimes, 1,489,615,781 fr. Il faut ajouter à ces dépenses générales les dépenses locales, qui atteignent annuellement, suivant un document officiel[1], le chiffre de 15 millions sterling, et, sans parler des autres colonies, les dépenses de l’Inde qui approchent de 18 millions sterling ; Enfin, la dîme levée par le clergé sur les fruits de la terre au profit de l’église anglicane, ainsi que les frais de l’établissement presbytérien en Écosse, sans compter les contributions volontaires à l’aide desquelles se soutiennent les sectes dissidentes et l’église catholique en Irlande, ne

  1. Local Taxes of the United Kingdom.