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représentent pas moins de 5 à 6 millions sterling par année. Le budget annuel de cette puissance colossale, dépenses générales et dépenses locales offre de cette manière un ensemble qui approche de cent millions sterling ou de 2 milliards et demi de francs, soit environ un milliard au-delà de ce que les services analogues coûtent à la France.

Il est possible que, grace à d’aussi énormes sacrifices, l’administration britannique obtienne des résultats inconnus ailleurs. On comprend, par exemple, la beauté des routes dans le royaume-uni, quand on voit l’Angleterre consacrer à l’entretien de ces voies de communication, à surface égale, le double à peu près de ce que la France consacre aux siennes. En général, ce n’est pas par l’économie que se signale le système anglais. Abordons les détails pour tirer de cette comparaison quelques enseignemens utiles.

L’intérêt de la dette en Angleterre est la principale dépense de l’état : il s’élève, en y comprenant la dette flottante, à 28,563,517 liv. sterl. (environ 721 millions de fr.) ; l’intérêt de la dette flottante et celui de la dette fondée, en déduisant la dotation de l’amortissement et les pensions, est porté, au budget de 1850, pour la somme de 281,090,476 fr. Cependant la différence qui existe entre les deux budgets, en ce qui touche les charges annuelles de la dette, est loin de représenter celle qui résulte du capital nominal. Si les Anglais avaient à payer comme nous un intérêt annuel de 4 à 5 pour 100 sur le capital nominal de la dette publique, leurs finances seraient bientôt dans un état voisin du désespoir et de la banqueroute. Supposez, au contraire, que la France, grace au rétablissement de l’ordre et à l’activité des transactions, puisse ramener l’intérêt de sa dette à un taux plus raisonnable, et le seul fait de la conversion du 5 en 4 pour 100 donnera une économie de 36 millions. De ce côté, nos finances ont donc un avenir dont la portée est manifeste dès à présent.

Le chapitre des pensions semble le moins chargé dans le budget de la Grande-Bretagne. Les pensions ou indemnités civiles y figurent à peine pour un total de 14 millions de francs. On a comparé cette dépense au chiffre brut des pensions en France, qui est, déduction faite des rentes viagères, de 56 millions et demi, et l’on s’est extasié sur l’économie de l’administration britannique. C’est là une induction très peu réfléchie et qui procède d’un examen un peu superficiel. En effet, les pensions civiles indemnités et subventions aux caisses de retraite ne s’élèvent, chez nous, qu’à 17 millions. Dans le chiffre global de 56 millions sont comprises pour 39 millions les pensions militaires, qui ont aussi leur chapitre dans les dépenses de l’Angleterre, et qui, proportionnellement aux forces numériques des deux armées aussi bien que d’une manière absolue, sont plus onéreuses en Angleterre qu’en France.