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Le duc de Gaëte estimait a 250 millions la dépense de l’armée sur le pied de paix ; mais la France n’avait pas alors l’Algérie à garder. Si l’on ajoute les frais de cette occupation à l’effectif normal, on touche de bien près aux 327 millions qui figurent au chapitre de l’armée dans le budget de 1850. N’oublions pas en outre que la valeur de l’argent, il y a quarante ans, était bien supérieure à ce qu’elle est aujourd’hui. On ferait à grand’peine, pour 300 millions en 1850, les efforts que l’on pouvait faire en 1810 au prix de 250 millions.

La population des 108 départemens administrés par le gouvernement impérial n’égalait pas celle des 86 départemens qui composent aujourd’hui la France. Cependant il faut considérer comme un tour de for qui n’est possible qu’à origine des administrations et quand elles n’ont pas encore perdu la simplicité primitive de leurs formes, que l’empire ait pourvu, en dépensant 154 millions, à tous les besoins civils du gouvernement. Les dépenses de la justice et des cultes sont restées les mêmes à un million près[1]. Il en est de même des relations extérieures, sur lesquelles l’année 1850 présentera un million au moins d’économie. Les dépenses de l’instruction publique, de l’agriculture et du commerce, qui s’élèvent aujourd’hui à 39 millions, ont suivi les développemens de la civilisation dans les arts de la paix ; elles ne figuraient que pour mémoire dans les comptes de l’empire. Les ministères de l’intérieur et des travaux publics, qui exigent aujourd’hui une dépense d’environ 200 millions, réunis dans la main d’un seul ministre, ne coûtaient pas, la police comprise, plus de 60 millions en 1810.

Cette différence s’explique, pour 30 millions environ, par l’extension qui a été donnée aux travaux qui intéressent la viabilité des grandes artères des communications, et pour plus de 60 millions par les travaux d’une moindre importance que les départemens ont entrepris[2]. Quant à l’administration proprement dite de l’intérieur, qui se trouve portée au budget de 1810 pour 16 millions, et pour 31 millions au budget de 1850, le compte des finances ne fournit pas les élémens d’une comparaison sérieuse.

Malgré le bon marché de son administration civile, le gouvernement impérial, qui avait élevé les dépenses de l’état à un chiffre inconnu avant lui, avait senti le besoin de justifier, aux yeux du public, des

  1. Savoir :
    1810 1850
    Grand-juge 22,500,000 fr. Justice 26,554,245 fr.
    Cultes 15,528,240 Cultes 41,985,290
    Pensions ecclésiastiques 29,600,000 Pensions ecclésiastiques 385,000
    Total 67,628,240 fr. Total 68,924,535
  2. En 1810, les centimes additionnels à la contribution foncière produisaient 39,700,000 francs ; en 1848, ils ont produit 126,317,658 francs.