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budget des recettes, suivant nos prévisions, présenterait encore excédant de 21 millions. Ainsi, le présent n’ajoute plus rien aux charges de l’équilibre est rétabli, et la sécurité financière est complète.


III. – MOYENS DE CRÉDIT.

Je me suis attaché avant tout, dans cet écrit, à dégager nos finances de la pression d’un avenir en quelque sorte immédiat qui paraissait gros de catastrophes. J’ai cru que la France trouverait aisément, dans les ressources du crédit, les moyens de liquider les engagemens que lui a légués le parti des républicains de la veille, si l’on prenait la ferme résolution de subvenir désormais à tous les besoins, à ceux du moins que l’expérience permet de prévoir, avec les seules ressources de l’impôt. L’équilibre des recettes et des dépenses a pu n’être jusqu’à présent qu’un intérêt de premier ordre ; je l’ai considéré, à partir de ce jour, comme une question de vie ou de mort.

Les revenus ordinaires de l’état doivent suffire, non-seulement aux dépenses ordinaires, mais encore aux dépenses extraordinaires. Je n’admets pas deux budgets distincts : cela peut être un moyen d’ordre pour la comptabilités, mais pour le gouvernement c’est une cause de désordre. Tout ce que l’on peut accorder, c’est que, dans l’intérêt des grands travaux publics, l’action de l’amortissement soit suspendue et que les fonds que le budget y consacre soient employés, quand il y a profit à le faire, à construire des chemins de fer ou à creuser des canaux. Toute nation est libre d’examiner s’il devient préférable pour elle, dans des circonstances données, de travailler à l’extinction de sa dette, ou de préparer, en ajoutant au capital productif de sa richesse, l’accroissement du revenu.

L’amortissement a été employé pendant long-temps, non pas à éteindre la dette, non pas à solder les dépenses extraordinaires, mais à combler l’abîme des découverts que laissaient perpétuellement les dépenses ordinaires. Cette pratique abusive mène droit à la ruine, et il est bien temps d’y renoncer. Je supprime donc les 103 millions d’obligations que proposait de créer M. le ministre des finances, et qui deviennent inutiles avec un budget équilibré. Dans ma pensée, l’amortissement est une hypothèque de 65 millions mise sur le revenu de l’état, et qui doit servir, soit à diminuer le fardeau, soit à prévenir l’aggravation de la dette publique. 65 millions, voilà le fonds auquel l’état peut légitimement puiser pour entreprendre les travaux que les grandes associations ne seraient pas en mesure d’aborder. Encore faudrait-il le considérer comme une limite extrême. Lorsque la France aura porté le réseau de ses communications à un degré de perfection et de développement qui ne lui laisse rien à envier au reste de l’Europe elle fera