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riches, ont été réellement reconnues et ouvertes. L’extraction du minerai a contribué à répandre l’aisance dans la colonie. Il en résulte qu’en 1846, dix a après la fondation d’Adélaïde, les recettes de l’établissement colonial dont cette ville est le chef-lieu ont excédé de 275,000 francs les dépenses. L’Australie occidentale n’est pas dans une situation aussi satisfaisante, mais les progrès de la colonisation y sont assez rapides pour promettre bientôt des résultats pareils.


II

En Australie, le désert commence à la sortie des villes. Ce pays offre le contraste le plus brusque de la civilisation et de la barbarie, du mouvement et de l’immobilité, du bruit et du silence. La vie primitive y coudoie les existences les plus raffinées ; les sauvages nus et affamés, rôdant autour de l’enceinte des habitations, voient luire le gaz, et entendent sauter les bouchons du vin de Champagne. À vrai dire, le colon de l’Australie n’est pas l’homme qui habite les villas, c’est le fermier qui s’avance dans le désert, qui élève sa demeure grossière au milieu de la solitude. Les véritables élémens de la colonisation sont le théâtre de leurs efforts est une zone de terrain adjacente à la côte et où sont élevées les villes principales. Cette partie de l’Australie, très imparfaitement peuplée, a été explorée par un grand nombre de voyageurs. Ce n’est pas une contrée ouverte ; c’est un pays que traverse une chaîne de montagnes infranchissables, si ce n’est par un petit nombre de défilés. Au-delà s’étendent d’immenses plateaux, au milieu desquels il n’est pas rare de voir une montagne solitaire s’élever jusqu’à la région des nuages. Les rivières de l’Australie ne sont ni larges ni rapides ; ce sont des canaux d’eau dormante qui coulent lentement sous un manteau de verdure formé par la végétation des deux rives. Pendant la saison des pluies, ces courans si paisibles se gonflent et se précipitent avec le bruit du tonnerre ; mais durant les grandes chaleurs de l’été, ou bien aux époques de sécheresse, qui sont longues et fréquentes, les rivières se traînent et tarissent. La constitution du sol favorise d’ailleurs l’absorption des eaux. Les terres vont en s’abaissant, par une inclinaison rapide, depuis le pied des montagnes jusqu’à la limite extrême des explorations faites dans l’intérieur, si bien que l’Australie paraît un immense bassin dont le centre serait la partie la plus basse. Les eaux qui descendent des hauteurs, n’étant retenues ni par des digues ni par des écluses, se répandent et se perdent dans les sables. Le thermomètre, en Australie, marque souvent 50 degrés de chaleur ; en outre, des années se passent quelquefois sans un nuage ou sans une goutte de pluie sur le sol. Alors les rivières passent à l’état de ravine où croissent les arbres et les plantes de toute espèce. Hommes et animaux périraient de soif sur les bords, si la nature, toujours prévoyante, ne formait des milliers de petits étangs où l’eau se conserve pendant des années. Chaque fois qu’un orage, une fonte de neiges ou une pluie abondante dans les montagnes y grossit les sources, les rivières, aussitôt remplies, débordent, se répandent et couvrent les plaines. Au contraire, lorsque les sources ont cessé d’être alimentées par la pluie, lorsque le soleil et la terre ont vaporisé et absorbé toute humidité à la surface du sol, les rivières, rentrées dans leur lit, s’abaissent graduellement