Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 4.djvu/517

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sud au nord une grande étendue de territoire à l’intérieur. Il faut donc renoncer pour le moment, aux facilités de transport qu’offrirait, à travers un pays désert, la navigation sur un fleuve courant dans la direction des Indes orientales. Plus tard, lorsque la colonisation sera plus avancée, des routes seront ouvertes, et les habitans sentiront moins vivement la privation d’une voie de communication par eau entre Sydney et les rivages du nord.

Au-delà de la zone fertile, il est à peu près constaté qu’on trouve un désert affreux. C’est une succession de dunes de sables rouges où le pin seul prend racine et prospère. L’eau y est très rare et la chaleur extrême. Quelles sont les limites de ce territoire désolé ? C’est ce que personne ne sait encore. Les derniers voyageurs, MM. Sturt et Kennedy, ont cru voir dans cette triste région le bassin d’une mer qui aura été rejetée quand le travail des volcans a exhaussé le sol.

Cette aridité du pays à l’intérieur met des bornes à la colonisation de l’Australie. Toutefois on ne sait point encore quelles découvertes l’avenir réserve aux explorateurs futurs de ce continent si étendu, et il y a dans les terres fertiles déjà reconnues assez d’espace pour fonder un empire. La possession de la Nouvelle-Hollande grandit démesurément l’Angleterre. Par cette immense colonie, la puissance britannique se trouve prépondérante à la fois sur la mer des Indes et sur l’Océan Pacifique. Sydney dépasse de beaucoup, en richesse et en activité commerciale, les villes de la côte occidentale d’Amérique ; elle est donc déjà la capitale de l’Océanie entière. D’un autre côté, en occupant Aden, Bombay, Calcutta, Singapour, Hong-Kong, Bornéo, la Nouvelle-Hollande et l’île Maurice, la Grande-Bretagne enceint par des ports et des vaisseaux la mer des Indes tout entière, et elle en est complètement maîtresse. Déjà grande dans le présent, cette puissance prévoyante est évidemment destinée, par la multiplicité et l’importance de ses colonies, à dominer le monde, ou, si elle n’atteint pas ce but, c’est que le hasard des événemens renversera l’édifice d’ambition le milieux fondé et le plus colossal.

Divers modes de colonisation ont été essayés en même temps par l’Angleterre en Australie. Les colonies du sud, récemment formées, ont pour base un système qui consiste à vendre des terres et à en employer le produit au transport gratuit d’ouvriers et de manœuvres amenés des ports du royaume-uni. Cette méthode a réussi, puisqu’en moins de dix années la colonie de l’Australie du sud s’est trouvée en état de se suffire à elle-même, et en outre de rembourser à la mère-patrie quelques avances ; mais on reproche à ce système les ventes par adjudication dont nous avons exposé les inconvéniens.

La Nouvelle-Galles du Sud est, de toutes les colonies australiennes, la plus florissante et la plus étendue ; elle a été fondée avec le travail forcé. Les adversaires de la déportation font observer que la prospérité de cette colonie n’est pas conciliante en faveur du travail obligatoire, parce que la Nouvelles-Galles du Sud est bien plus ancienne que les autres établissemens de l’Australie, et parce qu’elle a coûté beaucoup d’argent à la métropole. Il n’en est pas moins vrai que les développemens prodigieux de cette colonie attirent nécessairement l’attention sur le mode de colonisation qui y a été suivi.

L’abondance des ouvriers et le bon marché de la main-d’œuvre sont bien précieux dans une colonie naissantes ils constituent les plus puissans élémens