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vue personnel, je dis dans l’intérêt général, la concurrence des élèves des établissemens privés. Elle ne s’effraiera pas de voir établir pour cet enseignement des épreuves spéciales entièrement différentes des siennes, différentes par leur nature comme par leurs juges, portant, non comme les grades de sciences et de lettres, sur la série des études, mais uniquement sur leur résultat général, et pareilles à celles qu’on ferait subir à un esprit déjà formé pour mettre en lumière son aptitude à telle ou telle profession déterminée. L’Université resterait maîtresse de ses grades ; l’enseignement libre aurait ses concours propres à l’entrée de chaque profession et devant les maîtres de cette profession même. Les fortes leçons de l’éducation publique maintiendraient seulement dans toutes les régions le niveau commun de la science élevé. Ce jour-là nous aurions combiné, dans l’enseignement ; les avantages d’un pouvoir fort et d’une liberté étendue : ici la règle et l’unité, là l’esprit d’initiative et de découverte ; ici une morale tempérée et tolérante, là le zèle avec ce qu’il y a d’ardent et quelquefois d’étroit. Nous aurions surtout cet avantage, qu’état et liberté, chacun répondrait exclusivement de ses œuvres et paraîtrait devant le public pour estimé à sa propre valeur.

Le temps d’un système aussi hardi n’est peut-être pas encore arrivé, et c’est ce qui nous dispense de le développer ici plus au long. C’est pourtant dans cette double opération de fortifier le pouvoir de l’état pour ses attributions essentielles, et de le décharger entièrement de la responsabilité pour tout le reste, que nous voudrions voir en tout genre l’administration française s’engager résolûment. Il est évident pour nous, après l’expérience des révolutions, que l’état a pris en France, sur toutes choses une responsabilité qui l’accable. Ses charges inutiles lui font négliger ses devoirs impérieux. Le monopole de l’enseignement, la police passablement inquisitoriale des cultes, la tutèle des communes, la charge des trois quarts des intérêts privés, c’est trop par un temps où le principe d’autorité est si faible. La mer est trop grosse pour un bâtiment si chargé : il faut jeter par-dessus le bord une partie de son bagage. Il faut partout resserrer l’action de l’état en la simplifiant. Nous voudrions avoir émis quelques idées saines sur Une petite partie de cette réforme générale.


ALBERT DE BROGLIE.


ERRATA
Article sur l’instruction publique en France, seconde partie, page 699, ligne 25, au lieu de : « les propriétés physiques du corps, » lisez : des corps.
Page 700, ligne 25, au lieu de : « les cours de philosophie et de lettres ès-facultés, » lisez : des facultés.
Page 705, ligne 25, au lieu de « ce directeur et son conseil eussent, » lisez auraient.
Page 709, ligne 20, au lieu de : « et consquemment dans des vues d’avenir, » lisez : uniquement dans des vues d’avenir.

Même page, lignes 41 et 42, au lieu de : « Ce mélange d’idées libérales et de craintes, au fond assez sensé, est visible, etc., » lisez : Ce mélange d’idées libérales et de craintes au fond assez sensées est visible.

Page 710, lignes 6 et 7, au lieu de : « le droit d’en contrôler les résultats par grades, » lisez : par ses grades.
Page 711, ligne 43, au lieu de : « ne contient-elle pas toute méthode d’enseignement ? » lisez : toute une méthode d’enseignement ?
Page 713, ligne 16, au lieu de : « le zèle avec ce qu’il y a d’ardent, » lisez : avec ce qu’il a d’ardent.