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règne et honoré dans leur fidélité les amis de cette famille ; mais il n’y eu dans tout cela ni préparatifs, ni intrigue, ni malice.

Le 31 octobre n’a donc pas été non plus le contre-coup de la part un peu plus grande que de coutume que la famille d’Orléans a eue à la publicité parlementaire dans les quinze derniers jours du mois d’octobre. Aussi nous en revenons toujours à notre pensée primitive, que le 31 octobre n’a été autre chose que le désir fort naturel que le président a eu de rendre à son parti la personnalité qu’il devait avoir, puisque chaque parti entendait garder la sienne, et d’ajouter à cette personnalité l’initiative que doit naturellement avoir un président responsable.

Nous venons de dire les causes du 31 octobre comme nous les voyons ; venons aux conséquences et expliquons-les brièvement, telles aussi que nous les conjecturons.

La première conséquence, celle que tout le monde a redoutée dès le premier coup d’œil, c’est la désunion du parti modéré. Nous ne la craignons plus. Nous ne blâmons pas la persistance que chaque portion du parti modéré a en sa personnalité ; nous la trouvons honorable et même utile dans une certaine mesure. Le parti modéré doit voir cependant quel est un des dangers de cette personnalité. Il n’en faut donc pas pousser le sentiment jusqu’à la séparation ; il faut rester amis sur le plus grand nombre de points ; il faut donner à ces points le plus de relief possible, augmenter enfin par la bonne volonté réciproque toutes les causes d’union qui sont dans le présent, et diminuer les causes de rupture qui sont dans l’avenir et dans la théorie.

Ce qui doit rendre facile la continuation de la bonne intelligence, c’est que la majorité n’a pas à se plaindre de la composition du ministère. Il est pris dans son sein ; ce ne sont pas les mêmes hommes, ce sont les mêmes opinions, et jusqu’ici du moins, loin qu’on puisse voir dans les actes du gouvernement un affaiblissement de la pensée du parti modéré, il semble que c’en soit une reprise plus décisive et plus ferme. Dès le commencement, le ministère, dans son programme, a protesté de son attachement aux principes d’ordre et de sécurité qui font la force du parti modéré. « Le nouveau cabinet, a dit le général d’Hautpoul, n’est pas formé contre la majorité de cette assemblée ; au contraire, il développe avec énergie ses principes avoués. » Pour arriver à faire prévaloir partout ces principes, le président veut « que le sentiment impérieux du devoir soit partout réveillé dans l’esprit des fonctionnaires de l’état. » Le but à atteindre par les efforts réunis du gouvernement et de l’assemblée, « c’est le maintien énergique et persévérant de l’ordre au dedans, l’administration plus que jamais vigilante et économique des deniers de l’état. » Ajouterons-nous que nous savons quelque gré au nouveau gouvernement d’avoir indiqué parmi les biens qu’il veut rendre au pays le retour aux travaux de l’intelligence ? Tout homme qui écrit est aisément suspect de se laisser prendre à cette espérance ; nous sommes persuadés cependant que la reprise des travaux de l’intelligence et le goût de ces travaux dans le public seraient un des meilleurs témoignages du retour de la sécurité publique.

Les actes du gouvernement n’ont pas démenti jusqu’ici les paroles de ce programme ; le président a tenu un langage ferme et élevé dans son discours d’installation de la magistrature Le ministre de l’intérieur, interpellé sur le maintien