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LE


DRAME CONTEMPORAIN


EN ANGLETERRE.




M. TALFOURD. – M. MARSTON. – M. HENRI TAYLOR.


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La destinée du théâtre en Angleterre offre certainement matière à plus d’une intéressante réflexion. Que nos voisins aient un génie essentiellement dramatique, tout dans leur littérature en fait foi, depuis leur Shakspeare et leurs comédies du XVIIIe siècle jusqu’à leurs romans et à leurs moindres ballades. De fait, le drame, tel que nous le concevons, me semble de tout point d’origine anglaise. On ne saurait dire qu’il procède de la tragédie grecque, qui n’était guère qu’une épopée scénique. Il ressemble encore moins à l’art classique des Romains, des Italiens ou des Français, et, malgré l’opinion des Schlegel et en général des premiers critiques de l’école romantique, je ne puis admettre qu’il compte parmi ses ancêtres la tragi-comédie chevaleresque de l’Espagne. Sans doute, nous retrouvons dans l’ancien répertoire espagnol un de ses principaux élémens : le mouvement et la passion ; mais, à examiner de près Calderon lui-même, ce qui frappe chez lui, c’est la répétition presque constante de certains masques traditionnels, tels que le jaloux, la camériste, le cavalier amoureux. L’intérêt de ses pièces réside moins dans l’esquisse des caractères que dans les péripéties. Les incidens sont à peu près indépendans de l’individualité des personnages. Le monde que nous ouvre le poète est avant tout le royaume du hasard ; c’est notre monde sublunaire comme il apparaît à la jeunesse, qui, faute de réfléchir et de remonter des effets à leurs multiples causes, n’aperçoit