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kilomètres, une différence de 5 centimes par tonne et une différence de 17 fr. 50 cent sur la tonne de fonte ; cette différence sera portée à 33 fr. sur la tonne de fer en barres, et des résultats plus tranchés apparaîtront à mesure qu’on s’élèvera à des produits plus complexes, comme le fer ouvré, l’acier, etc., parce que chaque transformation donnera lieu à une nouvelle déperdition de matière première et de combustible, aggravée par tous les transports précédemment réalisés, et dont le coût doit se retrouver intégralement dans le prix de revient du produit définitif. C’est ainsi qu’une diminution sur le prix du transport se multiplie dans les différentes élaborations par lesquelles passe un produit, et que cette diminution, fût-elle légère, apparaît en définitive dans des proportions qui sont susceptibles d’étendre le cercle de la consommation et de devenir un actif stimulant de la production. Voilà comment agissent l’extension et le perfectionnement des voies de communication de toutes sortes, routes, canaux, chemins de fer, et c’est ainsi que s’explique le prodigieux développement qu’a pris, dans certaines circonstances le mouvement des affaires sous l’impulsion que lui a donnée la lutte des voies concurrentes.

On le voit, non-seulement la France a un intérêt immense à compléter au plus tôt le système de ses communications intérieures, mais les souffrances sous lesquelles sa prospérité a succombé viennent ajouter à cet intérêt tout le poids d’une impérieuse et pressante nécessité. C’est d’ailleurs dans les situations extrêmes qu’il faut user de toutes ses ressources, et il ne nous est pas permis de laisser stériles et comme en chômage des millions par centaines. Notre sol est couvert de routes ébauchées, de chemins de fer commencés, de travaux entrepris pour l’ouverture de canaux, pour l’amélioration des fleuves et des rivières, et tout cela a déjà absorbé des sommes énormes, qui ne compteront que pour le vide produit dans le trésor, jusqu’au jour où, les voitures circulant sur les routes, les wagons sur les rails, les bateaux sur les voies navigables, ce vide sera comblé par les produits directs des nouvelles voies, et plus encore par les produits indirects résultant de l’activité développée sur leur parcours. Voilà l’immense atelier qui s’ouvre devant nous ; il y avait d’autant moins lieu de le restreindre, que le travail chôme d’autre part, et qu’en étendant les ressources ouvertes aux ouvriers inoccupés, on pouvait obtenir immédiatement, par une sage distribution de sommes relativement assez faibles, des résultats définitifs très considérables. La monarchie a laissé sous ce rapport à la république de magnifiques ressources, et, en vérité, on ne conçoit pas qu’un tel bienfait puisse être méconnu et imputé à crime à ceux-là mêmes dont on a reçu un si riche héritage. Que la république s’en empare, et qu’elle le fasse tourner à la gloire du nouveau gouvernement, au soulagement et à la prospérité du pays ! cela vaudra mieux que de persévérer dans le système étroit de la constituante. L’assemblée de 1848 regardait en arrière ; elle ne voyait pas le présent, elle n’y cherchait pas les symptômes de l’avenir, quand elle a retranché 46 millions du budget des travaux publics. Le chiffre brut du budget et l’atténuation du découvert, c’est tout ce qu’elle semble avoir vu dans la question, de même qu’il ne peut y avoir que le souci d’une popularité acquise à tout prix dans cette désorganisation des recettes qui a clos sa carrière financière. Mais le découvert, c’est après tout par la consolidation, c’est-à-dire par le crédit, qu’il faudra le