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reproduction des peintures et sculptures des catacombes un ouvrage spécial ; mais la plupart de ses dessins, exécutés sur une grande échelle et quelquefois dans la proportion des peintures originales, ne laissent-ils rien à désirer. Ajoutons, que cette collection, qui restitue à tout une période de l’histoire de l’art son véritable caractère, ne comprend pas moins de trois cent soixante études de format grand in-folio, dont cent cinquante-quatre fresques, soixante-cinq monumens, Vingt-trois planches de peintures sur verre reproduisant quatre-vingt-six sujets, quarante-une planches représentant des lampes, vases, anneaux et instrumens de martyre, au nombre de plus de cent objets différens, enfin quatre-vingt-quinze planches d’inscriptions comprenant plus de cinq cents pierres sépulcrales ; mais ce qui doit donner à ce recueil une valeur inappréciable, c’est que sur les cent cinquante-quatre fresques dessinées par l’auteur, et qui remontent pour la plupart, aux premiers siècles de l’église, plus des deux tiers sont inédites, et un certain nombre n’ont été découvertes, que de 1840 à 1850. Nous mentionnerons, parmi ces dernières, les peintures du célèbre puits de la Platonia, qui servit de tombeau pendant un certain temps à saint Pierre et à saint Paul, que le pape Damase avait fait orner de fresques vers 365, et qui, depuis cette époque, était resté fermé. M. Ferret, autorisé par le gouvernement romain, a pu y descendre, a fait enlever les matériaux qui l’encombraient, et y a découvert des peintures représentant le Christ, les apôtres, et deux tombeaux en marbre de Paros, où furent sans doute déposés les restes de saint Pierre et de saint Paul.

Ce n’est pas seulement la restitution d’une histoire incomplète et cette sorte de révélation d’un art tout nouveau qui donnent aux découvertes de M. Perret une si haute valeur ; ce sont surtout les résultats inattendus qu’elles nous présentent, au double point de vue de l’art et du dogme. Elles comblent, en effet, des lacunes de plus d’un genre ; elles permettent de rattacher d’une manière incontestable l’art moderne à l’art antique ; elles lèvent, d’autre part, à en croire les hommes les plus compétens, certains doutes que l’interruption de ce qu’on pourrait appeler la tradition par les monumens avait laissés sur quelques points des premiers temps de l’histoire du christianisme. Enfin, et toujours à ce double point de vue de l’art et du dogme, M. Perret croit, à l’aide de ses découvertes, pouvoir établir de la manière la plus certaine, les origines des images traditionnelles du Christ, de la Vierge, des apôtres et d’un grand nombre de personnages. La publication de cette vaste collection doit donc exciter à un haut degré l’intérêt, non-seulement des artistes, mais des croyans et de tous ceux qui s’occupent de l’histoire des premiers temps du christianisme. Nous ne savons si M. Perret convaincra les incrédules et s’il fera cesser toute incertitude. Ce qu’il y a de certain, c’est que les monumens qu’il nous met sous