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république un gouvernement stable et des lois protectrices fondées sur la liberté et l’égalité : la municipalité de Rennes adhérait à cette adresse, et aussitôt la société populaire des amis de l’égalité et de la liberté demandait que les signataires fussent mis à la lanterne.

Un sentiment très juste et très sage domine dans le travail de M. Marteville. Les faits sont bien exposés, le style est clair et précis, et le patriotisme breton, qui se réveille presque à chaque page, donne à l’ensemble du livre un cachet tout particulier. En parcourant ces annales de la vieille ville armoricaine, où éclate à chaque instant le regret de la nationalité perdue, on sent que, sous l’apparente uniformité de notre système administratif, les traditions du passé sont encore persistantes et vivaces.

Quoique beaucoup moins nombreuses que dans la Normandie, les associations savantes et littéraires de la Bretagne ont cependant rendu de véritables services. Les Mémoires de la Société académique de Nantes, qui forment aujourd’hui une collection d’une vingtaine de volumes, contiennent, entre autres articles intéressans récemment publiés, un travail de M. Grégoire sur le système féodal, dans lequel l’auteur, en rendant compte d’un livre de M. Championnière, s’attache à démontrer, et sur ce point nous sommes complètement de son avis, qu’après avoir attaqué la féodalité avec une violence parfois injuste, on est tombé depuis quelques années dans un excès contraire, et que l’on en a singulièrement exagéré la réhabilitation. Nous indiquerons également dans le volume de 1850 la Bibliographie révolutionnaire de Nantes, par M. Dugast-Mattifeux, et dans le volume de 1848 une notice de M. Joseph Foulon sur un homme simple et modeste. Alexis Transon, qui, tout en exerçant la profession de charcutier, s’occupa avec un certain succès de philosophie et d’érudition. En écrivant la Bibliographie révolutionnaire de Nantes, M. Dugast-Mattifeux est parti de cette idée, qu’on entassait mensonges sur mensonges dans les histoires contemporaines de la révolution ; et que, pour dégager la vérité, il fallait recourir aux documens du temps et faire ce que Descartes exigeait pour l’étude des sciences, dépouiller toutes les opinions préconçues. Les écrits signalés par M. Dugast ne sont pas très nombreux ; mais ils sont fort intéressans, et nous indiquerons entre autres ce qui concerne la relation des massacres de Machecoul. Il est évident, d’après les pièces citées et d’après le témoignage même de Mme de Larochejaquelein, que le massacre de Machecoul, qui eut lieu le 21 septembre 1793, fut le signal des atrocités qui ensanglantèrent la Vendée ; que la responsabilité doit en peser tout entière sur l’armée vendéenne, qui fut la première à tuer les prisonniers, et que, pour être juste, il faut reconnaître que les blancs comme les bleus se laissaient entraîner, sous prétexte de représailles, à des cruautés qui déshonorent les peuples civilisés, et que l’histoire doit toujours flétrir, sous quelque drapeau qu’elles aient été commises.

La Société d’Émulation de. Brest et du Finistère est arrivée au tome XVI de ses Annuaires, en donnant dans le volume de chaque année l’histoire détaillée de quelques-unes des localités les plus importantes du département. Cette publication, à laquelle le conservateur de la bibliothèque de la marine de Brest, M. Levot, consacre tous ses soins, en cherchant avant tout à la rendre essentiellement pratique et utile, cette publication, disons-nous, jouit à juste titre dans le Finistère d’une grande popularité. C’est aussi un but pratique que poursuit