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d’autres membres du clergé néerlandais à Formose pour y répandre les doctrines de l’Evangile ; les exigences de leur ministère les conduisirent à étudier les deux principaux dialectes formosans, celui du district de Sakam et le dialecte du district de Favorlang : c’est ce dernier auquel s’était attaché Gerardus Happart, et dont il nous a donné un lexique assez étendu, et où les mots sont rangés sous le radical duquel ils dérivent. On ne saurait douter, d’après l’examen de l’idiome favorlang, qui trahit de grandes analogies avec les dialectes des Philippines, qu’il appartient à la famille des langues disséminées sur cette vaste étendue du globe dont les limites sont à l’ouest le cap de Bonne-Espérance et à l’est les dernières îles du grand Océan, et on est en droit d’en induire que la population autocthone de Formose est océanienne et non pas chinoise d’origine. La compilation de Gerardus Happart, si utile pour les investigations de la philologie comparée et de l’ethnologie, a été accueillie avec empressement par la Société de Batavia, et, revue et annotée par M. van Hoëwel, elle a été insérée dans son recueil (tome XVIII).

Le tome vingt-deuxième, qui est le dernier qu’elle ait fait paraître, date déjà de près de deux ans, de 1849. Diverses circonstances en avaient retardé la mise en circulation, et ce n’est que tout récemment qu’il est parvenu de Batavia en Europe. Il s’ouvre par un discours où M. le président Buddingh rend compte des travaux de la compagnie savante à la tête de laquelle il est placé, des efforts et des sacrifices qu’elle a faits pour encourager l’étude du kawi ou javanais ancien, de la publication projetée d’un dictionnaire de la langue bougni en usage dans l’île Célèbes, des recherches qui se sont produites au sein de la société sur la géographie, l’ethnologie et l’histoire naturelle, et dans lequel M. Buddingh énumère les manuscrits précieux et les objets d’antiquité qu’elle a récemment acquis. M. le docteur Bleeker a coopéré à ce dernier volume par une suite de mémoires sur diverses classes de poissons, les labioïdes à écailles glabres, Gladschubhige Lipvisschen, qui vivent dans les eaux de Batavia ; les percoïdes de l’archipel malayo-moluquais ; les blennïoïdes et les gobioïdes de l’archipel de Sunda et des Moluques ; sur la faune ichthyologique des îles Bali et Madura. M. James Richardson Logan, le savant éditeur du Journal of the Indian Archipelago, y a coopéré par un travail sur la constitution géologique des roches de Poulo Oubin ; M. Buddingh, par une histoire et une théorie du panthéisme, principalement au point de vue indien ; M. le naturaliste Zollingen, par la relation d’un voyage fait dans les îles Bali et Lombok ; M. Ferdinand von Sommer, par un catalogue des couches et formations géologiques de la Nouvelle-Hollande, et enfin M. Friederich, par des recherches sur la langue et les anciens monumens littéraires de Bali. Cet orientaliste, envoyé par la Société de Batavia pour étudier ces monumens, a donné une notice très curieuse des manuscrits que les prêtres de cette île ont mis à sa disposition. Son mémoire se termine par une copie lithographiée du Vrétta-Santchaya, ou recueil des formes métriques employées dans la poésie balinaise.

Le tome vingt-troisième et prochain contiendra, ainsi que nous l’annonce M. Buddingh, le texte et la traduction en vers hollandais du Brata Youdha ou la Guerre des Bahratas, poème épique en javanais ancien ou kawi, dont l’auteur, Hempou Sedah, est présumé avoir vécu vers le IXe ou le Xe siècle de notre ère. Cette publication a été confiée à M. Cohen Stuart, actuellement fixé dans Pupe des résidences de Java, à Sourakarta. L’ampleur et l’élévation de pensée,